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La féminisation des métiers du numérique freinée par la résurgence des biais sexistes


L’étude « Gender Scan » montre que les femmes sont découragées de choisir une formation et une carrière technologiques, notamment numériques.

Les femmes sont découragées de s’engager dans les carrières du numérique. - © Mistral.ai
Les femmes sont découragées de s’engager dans les carrières du numérique. - © Mistral.ai

Depuis plusieurs années, la question de la féminisation des professions du numérique est vue, au-delà des considérations morales, comme un moyen de combler les manques en talents. En effet, les femmes représentent la moitié de la population et se priver d’elles revient à se priver de la moitié des talents. Mais le déficit en femmes dans les professions du numérique a une origine bien connue : le déficit en étudiantes dans les écoles d’ingénieurs. Or l’étude « Gender Scan Etudiants STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) » 2025 vient apporter un certain nombre d’explications à cette situation. Même si la situation est pire dans l’ingénierie de transformation et de production, l’étude pointe que la proportion de femmes dans le numérique en France reste inférieure à celle de l’Europe (19 % en France, 21 % en Europe).

Entre 2013 et 2021, la proportion de femmes s’est accrue dans les filières courtes du numérique mais a, en France, baissée dans les filières longues tandis que le progrès était net dans en Europe. Sur les cycles courts, le nombre de femmes a augmenté de 10 % en France contre une baisse de 2 % en Europe, et il a augmenté de manière proche en licence (+21 % en France, +20 % en Europe). Mais, au niveau maîtrise/ingénieur, le nombre de femmes a baissé en France de 1 % tandis qu’il a augmenté de 37 % en Europe. Au niveau doctorat, les chiffres sont respectivement de -13 % et -1 %.

Les femmes découragées de choisir le numérique

Les femmes sont beaucoup plus sujettes à être découragées de s’engager dans une carrière numérique que les hommes. En 2021, 28 % des hommes recevaient des conseils les décourageant d’aller dans les filières numériques contre 25 % en 2025. Pour les femmes, le taux est resté constant à 43 %. Les étudiantes peuvent cependant constater la mise en place de dispositifs de suivi et de traitement des discriminations en raison du sexe dans les filières numériques : 27 % en 2021, 41 % en 2023 et 78 % en 2025. 98 % des étudiants et 94 % des étudiantes sont satisfaits de ces dispositifs.

De juin 2023 à décembre, près de 50 000 élèves de 2 100 classes issus de 455 collèges situées en REP/REP+ ou zones rurales ont pris part à des actions d’une campagne nationale de sensibilisation. 98 % des enseignants estiment que cette action a apporté de nouvelles connaissances à leurs élèves, et 96 % que cela a un impact positif sur leur représentation des femmes dans les secteurs scientifiques et techniques. Les enquêtes conduites auprès des élèves révèlent que l’intérêt des jeunes filles pour les filières techniques a progressé et atteint en moyenne 3,5 points (sur une échelle de 1 à 5).


Pour illustrer cet article, faute d’image d’une femme dans un contexte approprié disponible dans les photothèques libres de droit, l’image a été générée par Le Chat de Mistral.ai. Après le dossier lié à la « Journée Internationale des Droits des Femmes », le 8 mars, nous reviendrons sur le sujet au travers de tribunes à l’occasion de la « Journée internationale des femmes en mathématiques ».

A propos de l’étude

En partenariat avec la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), l’étude récurrente « Gender Scan » est réalisée par Claudine Schmuck et le cabinet Global Contact. La troisième édition de « Gender Scan Etudiants STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) », pour l’année 2025, est basée sur une enquête réalisée auprès de 1 919 apprenants en école d’ingénieurs en France. Le volet entrepreneuriat de l’étude est réalisé en partenariat avec Bpifrance.