La Cour des Comptes s’interroge sur l’efficience numérique de l’Etat
Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance
Le 21 janvier 2025, la Cour des Comptes a publié un rapport critique sur les gains de productivité de l’État issus du numérique.
La Cour des Comptes réalise régulièrement des rapports sur l’emploi des deniers publics. Ses enquêtes permettent ainsi de contrôler le bon usage des moyens de l’État. Le 21 janvier 2025, la Cour des Comptes a publié un rapport intitulé « Mieux suivre et valoriser les gains de productivité de l’État issus du numérique ». Comme les entreprises privées, l’État multiplie les usages de l’informatique depuis un demi-siècle et mène une « transformation numérique » depuis plus de vingt ans. L’objectif, comme celle de toute automatisation ou industrialisation, est normalement d’accroître l’efficacité et l’efficience, autrement dit soit de réduire les coûts (notamment humains) soit d’améliorer le service rendu à coût moindre. Mais, selon le rapport de la Cour des Comptes, la mesure des gains d’efficacité et d’efficience est déficiente au sein de l’Etat. Il en résulte des doutes légitimes sur la pertinence et la conduite des projets.
Dans certaines administrations, telles que la DGFiP (les cordonniers n’étant pas, pour une fois, les plus mal chaussés), le constat des gains est réalisé assez aisément. Mais la mesure est, le plus souvent, difficile faute d’indicateurs aisés à mettre en œuvre. Il est vrai que l’État met davantage en avant l’amélioration du service (ou la lutte contre une obsolescence technique) plutôt que la baisse des coûts ou l’amélioration de la productivité pour justifier ses projets numériques. « Une fois le projet validé et lancé, la notion de retour sur investissement n’est plus questionnée, ou ne l’est que formellement » dénonce la Cour. C’est notamment le cas lors d’une dérive des coûts en cours de projet.
Quatre recommandations sont faites par la Cour. D’abord, il s’agit de systématiser le calcul de l’impact et du retour sur investissement de manière formelle pour chaque projet. En deuxième lieu, la Cour veut intégrer les enjeux méthodologiques et de productivité dès la phase de cadrage des projets numériques. Améliorer les outils existants de suivi des activités et des coûts et harmoniser les démarches de contrôle de gestion constitue une troisième recommandation. Enfin, la Cour souhaite que les projets recourant à l’IA génèrent des gains de productivité documentés pour être déclarés prioritaires.
En savoir plus
- Télécharger le rapport « Mieux suivre et valoriser les gains de productivité de l’État issus du numérique » (accès libre sur le site de la Cour des Comptes).
Le coût de la bureautique dans le viseur
A l’instigation de l’association de militants du logiciel libre April, un thème d’enquête avait été suggéré aux sages de la rue Cambon à l’occasion : « L’évaluation des dépenses logicielles de l’État et des administrations centrales ». La Cour des Comptes a finalement retenu un sujet plus restreint mais qui, du coup, pourra faire l’objet d’un rapport dans un délai raisonnable : « Le coût des prestations et de licence des outils bureautiques et collaboratifs ».