Convention USF : SAP dit les mots Bleu à ses clients
Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance
La Convention de l’association des Utilisateurs SAP Francophones (USF) s’est déroulée à Lille les 9 et 10 octobre 2024 sur le thème « Il était une fois le cloud… entre mythe et réalité ». La conférence de presse commune SAP-USF traditionnelle a permis de traiter des sujets du moment, notamment la prochaine offre souveraine sur Bleu mais aussi l’application de la directive CSRD.
Les 9 et 10 octobre 2024, la Convention de l’association des Utilisateurs SAP Francophones (USF) s’est déroulée à Lille sur le thème « Il était une fois le cloud… entre mythe et réalité ». Comme tous les ans, cette Convention a mérité son titre de principal événement de l’écosystème SAP en France. 2024 a permis de dépasser une nouvelle fois tous les records avec 1830 visiteurs uniques, 3183 visiteurs en deux jours, 107 partenaires, 73 ateliers de retours d’expérience et 5 ateliers de roadmap SAP. La traditionnelle conférence de presse commune USF/SAP, le 10 octobre, a été l’occasion d’aborder tous les sujets du moment concernant l’écosystème SAP. L’annonce du partenariat entre SAP et Bleu en plénière le matin a fait partie de ces sujets.
Mais, d’une manière générale, l’actualité de SAP intéresse fortement les utilisateurs. Ainsi, les cinq ateliers de roadmap ont été littéralement pris d’assaut. Pour Gianmaria Perancin, président de l’USF et du SUGEN, « c’est la preuve qu’il y a une vraie demande des utilisateurs en matière de connaissance de la roadmap des produits SAP ». Et aussi que l’information a du mal à être diffusée auprès des clients finaux.
L’USF est une chance pour SAP
Olivier Nollent, PDG de SAP France, a répété plusieurs fois que le dynamisme de la communauté des utilisateurs, qui reste un cas unique en France par rapport aux autres éditeurs, est une chance pour l’éditeur. Celui-ci entend bien aider l’association à enrôler plus de membres. L’USF a en effet une irrigation du territoire que SAP n’a pas. Il s’est aussi largement réjoui des résultats de l’enquête de satisfaction rendue publique le matin même. Il a notamment maintenu que la réalisation de celle-ci, de manière indépendante, est un beau cadeau. Deux points particuliers ont attiré son attention. D’abord, la confiance toujours très haute dans les solutions : 95 % des clients souhaitent développer l’usage de celles-ci. Par ailleurs, la démarche de transformation, y compris avec l’IA, apporte de manière concrète et certaine de la valeur.
La stratégie Cloud de l’éditeur, si elle séduit, n’est cependant pas sans goût amer pour les entreprises clientes de SAP. Gianmaria Perancin a ainsi constaté que les entreprises partent du on premise avec beaucoup de spécifiques et vont vers du cloud au plus près du standard. C’est une trajectoire qui n’est pas forcément avec une échéance à court terme. Mais adopter cette trajectoire permet aussi de bénéficier de multiples innovations, au premier chef desquels l’intégration de l’IA un peu partout. Mais Gianmaria Perancin a relevé que l’Europe est plus prudente sur les sujets innovants que les Etats-Unis, l’Inde ou la Chine. Ces trois pays vont très vite sur l’IA et le Cloud. L’Europe, plus prudente, étudie d’abord les risques avant d’agir. Si SAP, éditeur européen, tient à défendre la souveraineté et la performance européenne, notamment au travers d’un partenariat avec Mistral.ai, il lui semble nécessaire que les entreprises européenne cesse de tergiverser pour agir. Pour faciliter l’appropriation en comprenant la valeur générée, SAP a développé un grand nombre de cas d’usage de l’IA. F s’est réjoui de cette initiative et la promeut autant que possible. Mais les gens ont encore souvent peur de voir leur travail changer, en perdant leur rôle et leur position. Or, évidemment, il vaut mieux anticiper et agir plutôt que subir.
Le cloud souverain reste une nécessité
Si, l’an passé, la stratégie Cloud de SAP interrogeait les utilisateurs qui ne pouvaient pas être forcés à migrer le coeur de leur SI dans des clouds publics d’hyperscalers américains, plusieurs annonces et changement de politique ont réjoui les clients de l’éditeur. Tout d’abord, l’annonce du partenariat avec Bleu, la co-entreprise Orange/Capgemini utilisant les technologies de Microsoft Azure, a été très appréciée. Pourquoi le choix de Bleu ? SAP a déjà, en Allemagne, un partenariat avec Arvato pour servir ses clients gouvernementaux. Or Arvato utilise les technologies d’Azure. Le choix de Bleu permet donc de reproduire à moindre frais un partenariat sur des bases technologiques similaires. L’offre Rise est attendue en soutien à ce partenariat.
Cependant, SAP admet volontiers plusieurs limites à cette annonce. D’abord, l’annonce est très en amont d’une réalité commerciale. Entre le délai nécessaire pour que Bleu déploie son infrastructure et, ensuite, la certification SecNumCloud de celle-ci, il semble prudent de miser sur un délai minimum de deux ans avant que SAP sur Bleu soit une réalité commerciale. Ensuite, les tarifs devraient être plus élevés que sur les hyperscalers. Cette offre souveraine devrait donc être réservée aux entreprises et organisations ayant de fortes contraintes réglementaires les obligeant à adopter le Cloud SecNumCloud. Globalement, SAP vise prioritairement les secteurs public, spatial et de la Défense.
Pas d’abandon des infrastructures propres
De même, l’an passé, il avait été craint que SAP ne cesse assez rapidement de commercialiser ses offres sur ses propres infrastructures. Or les investissements se poursuivent. Plus exactement, pour SAP, il n’est plus question de désinvestir mais, par contre, il ne développera plus cette offre à la même vitesse que les offres sur les Clouds d’hyperscalers. En proportion, l’offre sur ses propres infrastructures devrait donc voir sa part se réduire. Olivier Nollent a largement souligné le fait que SAP est l’éditeur qui propose le plus de choix à ses clients. Pouvoir choisir est, pour Gianmaria Perancin, quelque chose d’essentiel comme cela a été dit et redit, tant à la Convention que précédemment. La qualification exacte du besoin des clients doit leur permettre de se diriger vers l’offre la plus pertinente.
Gianmaria Perancin, faisant écho à l’intervention finale de la matinée, s’est d’ailleurs réjoui de constater une bien meilleure écoute des clients de la part de SAP. L’éditeur manifeste une vraie volonté de répondre aux besoins du marché français.
Dans les sujets qui ont quelque peu été passés au second plan ces derniers mois, la facturation électronique obligatoire inquiète désormais moins les clients SAP. En effet, les délais de bascule ayant été singulièrement allongés, le sujet est devenu nettement moins prioritaire. Cela dit, parmi les partenaires exposants de la Convention, nombreux étaient ceux qui mettaient en avant le fait qu’ils sont immatriculés PDP. La commission finance continue ses travaux mais pas aucune annonce n’est prévue à ce jour.
Merci de ne pas oublier la planète… et les datas
Bernard Cottinaud, désormais chargé de mission stratégie de l’USF et président de la commission gouvernance, est intervenu pour insister sur les conséquences de la directive CSRD. Celle-ci va amener toutes les entreprises de plus de 500 personnes à publier un reporting extra-financier sur l’impact environnemental dès la prochaine clôture. Or le sujet n’est toujours pas arrivé, en général, à la DSI. Il est encore souvent traité à la direction RSE, parfois à la DAF. Or la qualité des données, la collecte des données, la traçabilité des données… sont de vrais sujets aux impacts IT certains. Et une fois les datas récupérées, il faut des outils pour les traiter ! Personne n’envisage sérieusement de faire une comptabilité dans Excel. De la même façon, il est impossible de réaliser le reporting CSRD dans Excel. Il faut, réglementairement, une « assurance raisonnable » sur la fiabilité et complétude des données. Bernard Cottinaud s’est réjoui que SAP propose des outils bien intégrés à son ERP. Mais leur déploiement doit devenir une priorité.
Pour terminer, il fallait évoquer, en lien avec le reporting CSRD, le sujet qui fâche du moment. La maîtrise de l’impact environnemental est en effet largement remise en cause par le développement de l’IA, particulièrement consommatrice de ressources. Pour Gianmaria Perancin, c’est aux clients d’inclure des clauses d’impact environnemental dans leurs contrats. Et, pour lui comme pour SAP, de telles discussions et clauses contractuelles ne sont pas spécifiques à la question de l’IA. Le cloud, en particulier, amène déjà ce genre de discussions comme l’a admis Orlando Appell.
Sur la photo
De gauche à droite :
- Erwan Le Moigne, vice-président événements de l’USF, président de la commission Grand Ouest ;
- Orlando Appell, directeur des opérations de SAP France ;
- Gianmaria Perancin, président de l’USF (association des Utilisateurs SAP Francophones) et du SUGEN (SAP User Groups Executives Network) ;
- Olivier Nollent, Président Directeur Général de SAP France ;
- Bernard Cottinaud, chargé de mission stratégie de l’USF, président de la commission gouvernance.