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Convention USF : pour un cloud choisi, pas subi

Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance

La Convention de l’association des Utilisateurs SAP Francophones (USF) se déroule à Lille les 9 et 10 octobre 2024 sur le thème « Il était une fois le cloud… entre mythe et réalité ». La première matinée a permis de poser les enjeux.

De gauche à droite : Gianmaria Perancin, Magali Nogueira et Elysabeth Blanchet. - © Républik IT / B.L.
De gauche à droite : Gianmaria Perancin, Magali Nogueira et Elysabeth Blanchet. - © Républik IT / B.L.

Pour la quatrième fois, l’association des Utilisateurs SAP Francophones (USF) organise sa Convention à Lille Grand Palais les 9 et 10 octobre 2024. Comme toujours, les matinées sont réservées aux plénières avec 1250 participants à la première matinée. Les après-midis sont, elles, dédiées aux 75 ateliers de retours d’expérience. 107 partenaires sont présents dans l’espace d’exposition. Les Décodeuses, association lilloise pour l’insertion des femmes dans l’IT, y est accueillie. Cette année, le thème est « Il était une fois le cloud… entre mythe et réalité ».

« L’adoption du cloud est un tournant » a rappelé en ouverture Gianmaria Perancin, président de l’USF et du SUGEN (SAP Users Groups Executive Network). Le Cloud a des forces, des promesses : scalabilité, flexibilité avec des infrastructures adaptables aux besoins du moment, accès globalisé mondial aux ressources IT, agilité de la mise en production et une cybersécurité industrialisée. Mais le Cloud a aussi ses faiblesses, ses talons d’Achille. Plusieurs « chants des sirènes » sont dénoncés par Gianmaria Perancin : manque de réversibilité en cas d’engagement avec un fournisseur même si des mesures sont prises par l’Union Européenne, dangers sur les données personnelles ou stratégiques (avec les risques réglementaires induits), pénurie des compétences IT qui freine les projets avec le besoin de former de nouveaux talents… sans oublier la difficulté et le coût de migrer la base installée.

Le Cloud et l’IA, de belles histoires ou des cauchemars ?

Pour Gianmaria Perancin, « le passage au Cloud doit être choisi, pas subi, même si les éditeurs veulent une migration immédiate, sans tenir compte des contraintes propres à chaque entreprise. » Parmi les contraintes, il y a évidemment le budget. D’autant que le ROI de la migration dans le Cloud est très contestable. Le remplacement des amortissements par des abonnements ne fait pas la rentabilité, surtout que les projets de migration sont lourds et chers. « Les entreprises et le cloud vécurent heureux et eurent de nombreuses applications porteuses de valeur » sera-t-elle la conclusion de la belle histoire ?

L’éléphant dans la pièce et Timo Elliott, Vice-président, Marketing, Global Innovation Advocate de SAP - © Républik IT / B.L.
L’éléphant dans la pièce et Timo Elliott, Vice-président, Marketing, Global Innovation Advocate de SAP - © Républik IT / B.L.

Timo Elliott, Vice-président, Marketing, Global Innovation Advocate de SAP, est intervenu sur le thème « L’Intelligence Artificielle : Accélérateur de l’Innovation et Révolution du Monde du Travail ». Avec une démonstration d’IAG en image (avec « l’éléphant dans la pièce », belle métaphore pour l’IA) et en vidéo. Les progrès rapides de cette technologie portent une promesse : demain, on rira des performances des IA actuelles. L’IA et notamment l’IAG semblent bien, selon diverses études, porter de la valeur.

De la valeur mais aussi des difficultés et des risques

Actuellement, la vague semble être entrée dans le creux de la désillusion même si la mise en œuvre de projets est bien une priorité dans les entreprises. Face aux risques et aux difficultés, SAP a évidemment quelques solutions à proposer. Joule, l’assistant IAG de SAP, a été remis en avant. IA, c’est aussi « infrastructure adaptée » pour SAP. Timo Elliott, se glissant dans le thème de la Convention, a donc mis en avant les offres cloud de l’éditeur et vanté les bénéfices de la migration cloud qui, selon lui, permet de capitaliser sur l’existant. Continuant à décliner le sigle, Timo Elliott a rappelé l’importance de données de qualité, l’IA ou information adaptée. IA, c’est aussi « individus accomplis », ceux qui savent utiliser les technologies avancées pour être plus performants. Mais « donner des tronçonneuses à des enfants » peut ne pas être une bonne idée pour Timo Elliott qui appelle à ne pas céder à tous les appels au No Code. Il faut de la gouvernance, un cadre et donner des capacités raisonnables aux utilisateurs avancés. Et puis, IA est enfin l’Impératif d’Adaptation… car l’innovation permet de faire tellement mieux qu’avant…

Professeur des universités au CNAM, Cécile Dejoux est conférencière, auteur, directrice de l’observatoire des transformations managériales et ressources humaines ainsi que membre du comité éthique de l’IA d’Orange. Prenant la suite de Timo Elliott, elle est intervenue sur le thème « Réinventer son travail avec l’IA générative ». Elle a eu trois ambitions dans son intervention : faire comprendre ce qui se passe, apprendre à se servir de l’IAG et faire découvrir les outils.

L’IAG entre opportunités et menaces

« L’IAG est là mais elle ne sera pas adoptée sans un management qui prend soin de soi, de son équipe et de la planète » a-t-elle proclamé. Une bonne acculturation, c’est encadrer, pas interdire. L’interdiction amène de la shadow-AI mettant en danger les données de l’entreprise. A l’inverse, une IAG bien intégrée accroît considérablement la performance dans de nombreux domaines, y compris en créativité. Mais l’IA porte des menaces. La première est la consommation d’énergie et de ressources au sens large pour l’IA. L’IAG est aussi créatrice de mensonges, que ce soit par les hallucinations ou par les productions de deepfakes. Elle porte également un risque sur les compétences humaines : réfléchir suppose d’entraîner son cerveau, pas de laisser la machine tout faire. Mettre en œuvre une IA, surtout de l’IAG, suppose une réflexion éthique.

Enfin, Régis Rossi, conférencier-illusionniste, a conclu la première matinée autour du thème « Les pouvoirs de l’intelligence émotionnelle ». Notre cerveau nous joue des tours et Régis Rossi n’a pas rassuré les participants sur les capacités humaines face à l’IA/IAG. L’attention humaine est tellement manipulable…


Sur la photo

De gauche à droite : Gianmaria Perancin (Président de l’USF et du SUGEN), Magali Nogueira (Responsable Marketing et Communication de l’USF) et Elysabeth Blanchet (Déléguée Générale de l’USF).