Convention USF : le cloud et l’IA, quand je veux, où je veux
Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance
Cet article est référencé dans notre dossier : Convention USF 2024 : deux jours à Lille pour les clients et l'écosystème SAP
La Convention de l’association des Utilisateurs SAP Francophones (USF) se déroule à Lille les 9 et 10 octobre 2024 sur le thème « Il était une fois le cloud… entre mythe et réalité ». Le deuxième jour a l’été l’occasion d’aborder des sujets de fonds comme les résultats de l’enquête bisannuelle de l’USF sur la satisfaction des clients de SAP. L’éditeur a annoncé, pour répondre aux inquiétudes des clients, une disponibilité de l’offre SAP sur Bleu quand celui-ci serait certifié SecNumCloud.
L’éditeur SAP et ses clients représentés par l’USF (association des Utilisateurs SAP Francophones) forment un couple de raison : l’un ne peut pas vivre sans l’autre. Cela n’empêche pas leurs relations de varier de la lune de miel à la scène de ménage selon l’actualité du moment. Comme chaque année, la Convention de l’USF est l’occasion d’une prise de température du niveau affectif dans la relation éditeur-clients. L’édition 2024 se déroule à Lille les 9 et 10 octobre 2024 sur le thème « Il était une fois le cloud… entre mythe et réalité ». Facturation électronique obligatoire, IA et Cloud constituent en effet des sujets d’actualité pour les clients de SAP, soucieux de ne pas se voir imposer le rythme d’évolution voulu par l’éditeur, notamment pour ménager leurs budgets. La matinée de plénière du deuxième jour est le moment où, traditionnellement, on rentre dans le dur. Plus de 1800 personnes assistaient à cette deuxième matinée : les records de toutes les années précédentes ont donc été de nouveau battus.
Même si SAP ne se limite plus à l’ERP depuis un certain nombre d’années, « ERP » reste un acronyme pour définir la stratégie de l’USF comme l’a rappelé en ouverture Gianmaria Perancin, président de l’USF et du SUGEN : « éduquer, réfléchir et partager ». Plus récemment, le sigle a été décliné en « étendre la palette des activités, renforcer notre rayonnement et peser sur la stratégie SAP ». Multiplier les échanges internationaux au sein du SUGEN (le réseau des responsables de clubs utilisateurs SAP) ou directement entre clubs renforce cette triple action. L’influence peut ainsi porter à tous niveaux chez SAP : pays, zone et groupe. Les clubs du Luxembourg, de Grande-Bretagne et d’Espagne ont d’ailleurs envoyé des représentants à la Convention USF.
L’USF toujours dynamique au profit de tout l’écosystème
Conformément à sa stratégie, l’USF étend bien ses activités. Par exemple, l’association a créé des ateliers « live », des sujets courts en visioconférences. Elle diffuse également tous les mois Le Petit U, une newsletter synthétique mensuelle sur l’actualité de l’ association. Elle a aussi créé une commission Rise en collaboration avec le Cigref. La commission Secteur Public a diffusé une note sur le low/no code dans le secteur public, note pouvant aussi servir au secteur privé. La commission gouvernance va très bientôt diffuser une note sur la directive CSRD.
Dans les sujets d’actualité de l’écosystème, Gianmaria Perancin a cité l’inquiétude des clients sur le fait que l’offre Rise de migration vers le Cloud ne s’appuie que sur des hyperscalers américains. Une autre source d’inquiétude des clients est le « mur du manque de compétences pour la migration S/4 ». Il a insisté sur la nécessité vitale pour les entreprises d’anticiper cette migration sans attendre le dernier moment et de former les équipes pour entreprises. L’USF veut, à ce niveau, aider à porter messages de SAP. Gianmaria Perancin a renouvelé un appel à bénévoles pour renforcer « l’USF Force » en prenant des responsabilités de commissions et de groupes de travail.
Des clients SAP satisfaits des produits, moins du support et de la relation commerciale
Moment très attendu, Bernard Cottinaud, chargé de mission à l’USF, et ancien président de commission, a ensuite présenté les retours sur l’enquête de satisfaction des clients SAP 2024 et l’enquête Support. Cette seule série d’enquêtes indépendantes permet à tout l’écosystème, y compris l’éditeur, d’entendre les positions des clients. Fêtant le dixième anniversaire de l’initiative, la sixième édition de l’enquête bisannuelle a été réalisée par l’Institut Ipsos, pour garantir l’anonymat des répondants, de mai à juin 2024. Cette édition a recueilli les réponses de 185 répondants issus de 134 entreprises clientes de SAP et membres de l’USF. Grands groupes, ETI et PME : le panel était bien représentatif de la clientèle SAP en France.
Les solutions SAP assurent comme toujours une très nette satisfaction (plus de 90 % de satisfaction). L’intention d’augmenter les usages de SAP continue de croître. Mais la relation commerciale est, elle, plus critiquée même s’il y a des progrès. La migration vers S/4Hana progresse nettement : de 7 % de déploiement achevé en 2022, le chiffre est passé à 14 % cette année.
Les clients SAP suiveurs de la stratégie de l’éditeur
Il reste que la principale motivation pour migrer est de suivre la stratégie de l’éditeur. Suivre en soi peut sembler curieux mais il s’agit bien de bénéficier des évolutions technologiques. Les freins demeurent le coût et la démonstration des bénéfices métiers. La migration peut être à iso-fonctionnalité (34 %), en refonte des process (18 %) ou en mixte (19 %) ou encore à l’étude (solde). L’offre Rise est, aujourd’hui, mieux connue qu’il y a deux ans et est étudiée par 40 % des entreprises, 13 % ayant d’ores et déjà choisi cette offre, 16 % ne l’ayant pas retenue. Cela dit, Rise demeure mal comprise et mal appropriée.
Rise est appréciée pour suivre la stratégie de l’éditeur, revenir au standard en profitant des nouveautés technologiques. L’enquête sur le support a été réalisée au printemps par PAC auprès d’une centaine d’entreprises. Le support donne, lui, une satisfaction bien moindre que les produits : coût excessif, qualité du service insuffisante… justifiant que les entreprises envisagent d’arrêter la maintenance si le coût s’accroît encore.
SAP se pose en champion de la « Business AI »
Pour sa troisième participation à une Convention, Olivier Nollent, PDG de SAP France, prenant ensuite la parole, a confirmé qu’il est convaincu que l’existence d’une communauté aussi active de ses clients est une chance pour l’éditeur dans une prise de parole intitulée « La Business IA au service de la transformation des entreprises ». Il a d’abord rappelé les récentes nouvelles de l’éditeur. Le Cloud ne cesse de progresser et représente aujourd’hui plus du quart du chiffre d’affaires au niveau mondial. 135 Rise Private Cloud en France, Plus de 7500 clients Cloud dans le monde. 20 % du CA de SAP est investi en R&D avec l’ambition de devenir leader mondial de la « Business AI » (intelligence artificielle pour l’entreprise). Outre l’IAG Joule, SAP a déjà pris l’habitude d’ajouter de l’IA dans progressivement tous ses modules pour maximiser la valeur fournie aux clients utilisateurs. Olivier Nollent a confirmé l’engagement de l’éditeur pour former des experts aux côtés de ses partenaires : 32 % de certifiés en plus cette année. Les résultats de l’enquête USF sont bien vus comme un « cadeau » par l’éditeur (il n’a pas été précisé « empoisonné »). L’adoption de S/4 ne peut, il est vrai, que réjouir SAP qui voit sa stratégie largement validée. La progression de l’appréciation des produits ne pouvait que le réjouir même s’il y a des points de progression. En premier lieu, la clarification autour de Rise doit se poursuivre afin que les clients puissent bien en comprendre les bénéfices. Les aspects financiers set de sécurité demeurent des inquiétudes clients qui nécessitent là encore des efforts de SAP. Les équipes commerciales de l’éditeur doivent mieux expliquer les bénéfices et donner une vision claire des coûts sur la durée.
Face aux inquiétudes réglementaires de ses clients, Olivier Nollent a annoncé que SAP sera déployée sur Bleu dès que cet hébergeur sera certifié SecNumCloud, cette certification étant la condition préalable imposée par l’éditeur. Rappelons que Bleu est une co-entreprise Capgemini et Orange proposant la technologie d’Azure de Microsoft en mode souverain.
Oui, SAP sera déployé sur le Cloud souverain de Bleu… un jour.
Olivier Nollent a, pour terminer, échangé sur scène avec un adhérent de l’USF, Maisadour (Comtesse du Barry, Saint-Sever, Delperat…) représenté par Grégory Gonzalez, DSI du groupe coopératif agricole. Face aux défis du monde agricole, le groupe a développé une ambition agro-écologique, avec une place majeure donnée à la data tant pour mieux connaître ses clients et leur demande que pour mieux piloter sa production. SAP est présent dans le groupe depuis un quart de siècle et réalise actuellement la migration S/4. La bascule du module HR est prévue pour le prochain week-end, le groupe devenant ainsi la première entreprise française à basculer ce module en S/4 avec l’offre Rise. L’IA demeure, pour l’instant, une promesse pour la performance de l’entreprise mais est une demande forte de toutes les directions métiers.
La « Business AI » version SAP a ensuite été présentée par Valérie Chazalon (chief partner officer de SAP) et Cédric Sime (business AI expert de SAP). La présentation des services et produits demeure un moment incontournable et attendu par la communauté des clients de l’éditeur. Pour terminer la deuxième matinée, l’USF a misé sur une conférence mystère dont le contenu n’a pas été révélé jusqu’à son commencement.