Le secteur du numérique subit un ralentissement de sa croissance
Par Bertrand Lemaire | Le | Esn & conseil
Numeum, le syndicat professionnel des acteurs du numérique, a dressé un bilan de 2023 et tracé les tendances 2024.
A l’occasion de sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année, Numeum, le syndicat professionnel des acteurs du numérique en France, membre de la fédération Syntec et du Medef, a dressé un bilan de l’année 2023 et tracé quelques perspectives pour 2024. Numeum regroupe aujourd’hui 2500 adhérents soit environ 85 % du secteur du numérique en France (édition de logiciel, conseil, intégration, service…). Les chiffres annoncés confirment la croissance continue du secteur depuis 2008 : +35 % en chiffres d’affaires cumulés depuis cette date alors que le PIB français ne s’est accru que de 13 % sur la même durée. 300 000 emplois nets ont été créés sur cette période dans le numérique. Cependant, cette croissance quasi-euphorique se ralentit et l’on revient donc à une situation plus habituelle, le ralentissement étant attendu également en 2024.
Numeum a ainsi relevé : « la taille du marché du numérique est évaluée à 66,2 milliards d’euros en 2023 : 37 % du marché pour les éditeurs de logiciels et les plateformes cloud avec 24,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 51 % du marché pour les ESN avec 33,8 milliards d’euros et enfin 12 % pour les activités d’Ingénierie et Conseil en Technologie avec 7,8 milliards d’euros. » En 2024, la croissance attendue est de 5,8 % contre +6,5 % en 2023 (l’inflation étant aux environs de 3,5 % sur douze mois). La croissance est variable selon les secteurs : +10,3 % pour les éditeurs de logiciels et de SaaS, +4,1 % pour les ESN et +5,5 % pour le conseil en technologie.
Le numérique responsable pour ne pas être coupable
La présidente de Numeum, Véronique Torner, a confirmé, lors de la conférence de presse, les orientations déjà fixées. Tout d’abord, Numeum tient à se renforcer en régions autres que l’Île-de-France. « 90 % des décisions prises et 50 % de nos adhérents sont en province » a-t-elle rappelé. Le deuxième axe est celui du développement des compétences pour répondre au manque de talents IT. Les partenariats se multiplient pour atteindre cet objectif : Femmes@Numérique pour accroître le recrutement féminin, l’Education Nationale pour la formation initiale, Pôle Emploi pour les reconversions, etc.
Enfin, face aux accusations régulières visant l’impact environnemental du numérique, la dernière priorité est le numérique responsable qui comprend trois thèmes : l’inclusion, la confiance (éthique, souveraineté et cybersécurité) et l’environnement. La « responsabilité », notamment environnementale, devient un critère majeur des appels d’offres, y compris dans le secteur privé. Certes, les projets directement liés au numérique responsable restent marginaux (0,7 milliard d’euros) mais en forte croissance (+39,3 %). En comparaison, l’intelligence artificielle représente 1,1 milliard pour une croissance de 22,9 %, l’IAG étant aujourd’hui peu significative en valeur de projets mais en croissance particulièrement forte. L’IAG est analysée comme un facteur de formation des développeurs juniors, d’automatisation des tests et de génération de documentation ou de synthèses de documents. La cybersécurité, le numérique responsable et la migration cloud portent la croissance des ESN mais la pénurie des talents et les restrictions budgétaires au sein des DSI constituent, au contraire, des freins à leur développement.