Cloud & AI, what else ?
Le 13 mars 2025, Oracle a organisé la première édition parisienne de son Oracle CloudWorld Tour avec quelques témoignages de clients. Les sujets forts ont évidemment tourné autour du Cloud et de l’intelligence artificielle.

CloudWorld est une manifestation annuelle organisée par Oracle à Las Vegas. Désormais, l’éditeur décline l’événement à travers le monde avec l’Oracle CloudWorld Tour. Une première édition a eu lieu à Paris le 13 mars 2025. A côté des présentations marketing sur la stratégie et les produits de l’éditeur, quelques clients emblématiques ont été amenés à témoigner.
Le premier à intervenir a ainsi été Jean-Michel Garcia, Group CTO BNP Paribas. Comme nous l’avions déjà indiqué, BNP Paribas a récemment fortement renforcé sa collaboration avec Oracle. Bien évidemment, pour une banque (BNP Paribas revendique la première place européenne de son secteur), la sécurité et la confidentialité des données ne se négocient pas. Pour cette raison, d’ici fin 2026, 10 000 bases de données vont être migrées sur Oracle Exadata Cloud@Customer. La banque a en effet une stratégie autour de ses propres datacenters et c’est donc dans ceux-ci qu’ont été posés les clouds d’abord d’IBM et aujourd’hui d’Oracle.

Un projet data de longue haleine chez BNP Paribas
Il y a dix-huit mois, la banque s’est posée la question de quitter Oracle. Plus de 800 cas d’usage existaient autour des bases de données, bien sûr avec des volumes conséquents. Et, finalement, le choix opéré a été celui de créer un cloud Oracle au sein même des datacenters de la banque, Cloud@Customer. Mais l’offre a été entièrement construite en interne, y compris pour les GPU destinés à permettre les nouveaux projets d’IA. L’IA est un sujet ancien chez BNP Paribas, notamment en lien avec la lutte anti-fraude ou le scoring. 2025 est l’année de la montée en charge. Pour lui, avec l’IA, revient une approche qu’il préfère à celle du Big Data : le Knowledge Management. Pour l’IA, les exigences de fiabilité amène l’importance d’avoir une bonne data, au bon moment avec la bonne technologie.

Un deuxième témoin a été Stéphane Detruiseux, CISO & Technology VP chez Alstom. Le constructeur ferroviaire est un très ancien client d’Oracle et la fusion avec Bombardier en 2021 n’a rien changé de ce point de vue. Sa migration Cloud a d’abord reposé sur le recours à Microsoft Azure. Mais, pour basculer ses bases de données en mode Cloud sans avoir à reconstruire toute son architecture, Alstom a adopté Oracle Cloud Infrastructure (OCI). Les bases de données ont ainsi constitué le premier usage d’OCI par Alstom. De al même façon, l’IA a d’abord été adoptée sur Azure avec Copilot. Mais la volonté des métiers est bien de multiplier les technologies pour éviter toute adhérence et toute limitation inutile.
Alstom crashe virtuellement des TGV
Du propre aveu de Stéphane Detruiseux, calculer le ROI de projets autour de l’IA est loin d’être évident en général. Quand on mène des projets très expérimentaux, c’est d’autant plus compliqué. Il s’agit donc de limiter les coûts tout en permettant aux projets d’aboutir au mieux. Selon Stéphane Detruiseux, le rapport coût/puissance des GPU sur OCI est très intéressant. Et l’architecture a permis de gagner en puissance : des crash-tests virtuels de structures de TGV prenaient jusqu’à trois mois de calculs auparavant contre environ trois semaines sur OCI.
Un acteur américain peut-il proposer un cloud de confiance ?
A l’occasion d’un échange avec la presse, Richard Smith, executive vice-president Cloud & AI Oracle EMEA, est revenu sur les apports des offres de l’éditeur. Il a notamment insisté sur le fait que la sécurité était dans les fondamentaux de l’entreprise depuis sa création et que cela ne changera jamais. Aucune offre, aucune fonctionnalité, d’Oracle ne saurait donc avoir un impact négatif sur la sécurité informatique ou la confidentialité des données. Et cette affirmation inclut bien sûr le Cloud et l’IA. Un des moyens adoptés, notamment pour les outils à base d’IA, est de veiller à ce que les permissions de chaque outil soit limitées par design.
Bien évidemment, le sujet du moment est le cloud souverain. Oracle est un acteur américain et se heurte aux exigences de ses clients. Son approche a donc été de créer de multiples filiales à travers le monde, chacune étant régie par le droit local. C’est notamment le cas en Europe. Chacune de ces filiales gère une instance complète du Cloud Oracle, sans aucune liaison avec les Etats-Unis. Le personnel sur place est lui aussi de nationalité locale et, en Europe, est juridiquement protégé dans leur contrat de travail afin de ne pas avoir à obéir aux éventuelles volontés d’ingérences étrangères (américaines en l’occurrence).
Enfin, Oracle applique le principe « We do not have the keys ! » (Nous n’avons pas les clés) : la gestion des clés de chiffrement est opérée par les clients ou par des acteurs tiers choisis par les clients (par exemple Thalès). Il reste à savoir si ces précautions seraient jugées suffisantes par l’ANSSI…