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Open CIO Summit : innover, ouvrir et maîtriser l’IT


Républik IT était partenaire média pour la deuxième fois de l’Open CIO Summit, le 18 mars 2025 à l’Hôtel Lutetia à Paris.

L’Open CIO Summit s’est déroulé le 18 mars 2025 à l’Hôtel Lutetia à Paris.  - © Open CIO Summit
L’Open CIO Summit s’est déroulé le 18 mars 2025 à l’Hôtel Lutetia à Paris. - © Open CIO Summit

Pour la première fois cette année, l’Open CIO Summit, le sommet de « l’innovation et de l’open-source par les DSI pour les DSI », était décorrélé du salon Open-Source Expérience. Il se déroulait ainsi le 18 mars 2025 à l’Hôtel Lutetia à Paris. Républik IT en était le partenaire média aux côtés du Cigref et des sponsors, Alterway, Smile et OVH. Jean-Charles Bordes, président de l’Open CIO Summit, et Emmanuel Sardet, président du Cigref et parrain de cette édition de l’Open CIO Summit, nous avaient l’un et l’autre présenté cet événement ici même. Ils l’ont chacun introduit par une intervention.

Jean-Philippe Balança, Chief International Operations Officer de Smile, et Henri d’Agrain, délégué général du Cigref, ont ouvert les débats autour de la thématique de l’autonomie numérique européenne. Si la prédation économique américaine est une évidence, l’économie européenne est confrontée à une triple menace économique, géopolitique et technologique du fait des dépendances que l’Europe a laissé s’installer depuis trente ans comme l’a rappelé Henri d’Agrain. Individuellement, chaque entreprise doit tirer les conséquences pour elle-même de ces dépendances que le Cigref ne peut que documenter. Pour Henri d’Agrain, ce sont quatre leviers d’action qui doivent être activés de manière coordonnée, des actions successives sur chacun étant inefficaces : le levier réglementaire (malgré le DMA, les hyperscalers ne sont pas reconnus gatekeepers), le levier fiscal (inciter les entreprises à aller vers des solutions souveraines pour le secret des affaires), le levier de l’investissement public (pour soutenir des champions, pas pour créer des start-ups) et le levier de la commande publique au niveau européen. Européen convaincu, Jean-Philippe Balança considère que 27 nains ne font pas un géant : il faut une vraie construction européenne. Surtout, si l’open-source peut être une réponse, malheureusement sous-estimée par les DSI, les concepteurs d’open-source ne doivent pas être subventionnés mais recevoir des commandes des entreprises.

Innover sans nuire à la résilience

Deux membres du groupe de travail du Cigref sont venus ensuite présenter le rapport « Innovations technologiques et valeur pour les SI » publié par l’association. Il s’agissait de Djilali Kies, Chief Information Officer de TDF, et Yann Daudin, Responsable Département Innovation de France Travail. L’objectif de ce rapport était d’explorer les technologies disponibles à une échéance de dix ans. Le TechRadar présente ainsi une fiche par technologie avec des indications de critères de valeur, de pérennité, etc. Quelques technologies sont porteuses de valeur à court terme : réseaux (constellations satellites…), nouveaux outils pour échanger en sécurité des données, jumeaux numériques et technologies immersives… D’autres sont plutôt à considérer pour un horizon plus lointain, l’informatique moléculaire (stockage ADN…) par exemple.

IA/IAG et quantique font l’objet de groupes de travail dédiés. Au-delà de l’anticipation des technologies nécessaires pour innover, il s’agit aussi de garantir la résilience, la souveraineté… et le respect des critères de responsabilité sociale et environnementale (la Green AI reste un oxymore typiquement). Le travail avec des start-ups a aussi fait l’objet d’échanges ainsi que la gouvernance de l’innovation avec les limites de la recherche du ROI en la matière.

Bâtir durablement la confiance

Une dernière table ronde a conclu la soirée (avant la dégustation de vins et le cocktail) sur le thème « Être DSI à l’ère de l’IA et la Data : comment bâtir durablement la confiance ? ». Introduite par une intervention de Jean-Claude Laroche, actuellement directeur de mission à la Direction du Parc Nucléaire et Thermique d’EDF et ancien président du Cigref, elle a rassemblé Pascale Montrocher (DSI de SFR), Guillaume Deudon (Chief Digital Officer de Somfy Group) et Lionel Chaine (DSI de Bpifrance). Pascale Montrocher, qui fut aussi DSI de Dassault Aviation et Dassault Systèmes, s’est réjoui que le contexte géopolitique oblige aujourd’hui à se poser des questions qu’il aurait toujours, dans toutes les entreprises, fallu se poser.

Là où certains DSI se reposent ou se reposaient sur des éditeurs (souvent américains) pour maintenir un système dans lequel on peut avoir confiance, force est de constater que la confiance, désormais, doit plutôt reposer sur la transparence et l’indépendance. C’est, à cause des évolutions géopolitiques, le grand retour en grâce de l’open-source. Même si, pour les DSI devant piloter des SI complexes, devoir suivre et maintenir les innombrables dépendances et modules demeure une tâche trop lourde.