GA Smart Building prépare la révolution data du bâtiment
Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance
Le promoteur-constructeur GA Smart Building, révolutionne son SI interne autant que son approche data des bâtiments (BIM, GTB…) notamment pour améliorer son empreinte environnementale et celle des bâtiments livrés.
Issue d’une entreprise fondée en 1875, GA Smart Building est aujourd’hui un promoteur-constructeur ayant recours à des structures en bois comme en béton avec une technique de construction hors-site. Les pièces 2D (panneaux…) ou les modules 3D (modules salles de bain tout assemblés…) sont construits en usines avant d’être assemblés sur le chantier de construction. Plutôt spécialisée en immobilier d’entreprise (bureaux, usines, entrepôts…), l’entreprise s’est récemment relancée dans l’immobilier résidentiel. « Notre empreinte environnementale est pour nous un vrai sujet » souligne Sébastien Thalamy, directeur du digital et du SI de GA Smart Building.
Dans le bâtiment, cette question est en effet d’une importance particulière tant le moindre matériau a un bilan carbone vite très lourd. Pour optimiser l’empreinte environnementale autant de son fonctionnement interne que des bâtiments livrés, GA Smart Building mène de nombreux chantiers et prépare la révolution data du bâtiment. Outre son modèle de construction hors-site, le groupe a une autre originalité : il fabrique lui-même l’essentiel des systèmes embarqués dans les bâtiments, comme les dispositifs de GTB (gestion technique du bâtiment) ou de contrôle d’accès. Cela lui donne une possibilité de maîtriser la production de la data en lien avec le bâtiment.
A propos de GA Smart Building
GA Smart Building dispose aujourd’hui de 800 collaborateurs pour un chiffre d’affaires moyen de 300 à 400 millions d’euros par an. Le groupe dispose de trois usines de pièces en béton, d’une usine pour la menuiserie (bois et aluminium) et d’une usine pour la fabrication des systèmes embarqués dans le bâtiment (gestion technique du bâtiment, contrôle d’accès…).
Les collaborateurs du groupe sont aujourd’hui les actionnaires majoritaires de celui-ci.
Une révolution d’abord interne…
Historiquement, GA Smart Building avait une très forte culture du « fait maison » et du best of bread ainsi que, bien entendu, du full on premise. Les développements internes des logiciels métiers étaient ainsi pour l’essentiel réalisés à partir de l’AGL WinDev. Aujourd’hui, ces applications sont confiées en TMA (tierce-maintenance applicative) et MCO (maintien en conditions opérationnelles) à un prestataire spécialisé. L’hébergement a déjà basculé du on premise au cloud privé hébergé. Le SI industriel est hébergé chez Equinix, la gestion de production étant installé en local dans chaque usine avec un PCA dans le cloud public.
Une transformation massive du SI interne est en cours. Pour commencer, la bureautique a basculé sur le SaaS Microsoft 365 avec la ToIP incluse dans Teams. Les personnels « cols bleus », non-équipés d’ordinateurs professionnels, a été, à l’occasion, invité à utiliser leurs propres smartphones en mode BYOD. Le réseau ayant déjà basculé sur un SD-Wan, le gros chantier du moment, c’est la transformation du coeur métier et transverse du SI avec l’adoption d’un ERP en mode SaaS. Le projet est prévu pour durer trois à cinq ans avec un démarrage effectif début 2023. Sébastien Thalamy précise : « a priori, un seul ERP ne saura pas couvrir l’ensemble du périmètre fonctionnel dans notre secteur très particulier et nous devrons sans doute recourir à plusieurs produits de plusieurs éditeurs. » Le groupe utilise depuis plusieurs années un outil fondamental dans la transformation digitale du bâtiment, le BIM (Building Information Modeling), GA Smart Building ayant été l’un des premiers clients français de l’éditeur Tekla pour son logiciel Tekla Structures.
…pour exploiter ensuite la data du bâtiment
Le BIM est le fondement de la structuration des données sur un bâtiment. Beaucoup n’utilisent le BIM que pour concevoir un bâtiment : il ne s’agit, avec cet usage, que d’une digitalisation des plans avec une multiplication de calques pour les différents corps de métier (parois béton, réseau électrique, plomberie…). Mais ce plan en 3D est aussi utilisable en exploitation, sous réserve de le maintenir à jour (par exemple si l’on modifie une cloison, si on modifie un circuit électrique…). « Le BIM rend l’exploitation des bâtiments plus fiable, plus facile et plus rapide et, quand nous vendons le bâtiment que nous avons construit, nous livrons la maquette 3D au client mais, malheureusement, celui-ci n’en fait généralement rien » regrette Sébastien Thalamy.
Le BIM rend l’exploitation des bâtiments plus fiable, plus facile et plus rapide.
Il existe, dans un bâtiment, une autre importante source de données : les systèmes embarqués. Il s’agit essentiellement de la GTB (gestion technique du bâtiment) et du contrôle d’accès. Mais la révolution data se heurte là à des difficultés liées à la pluralité des acteurs impliquées. GA Smart Building construit en général pour le compte d’un propriétaire-exploitant qui va louer des surfaces à des entreprises. Par exemple, connecter le contrôle d’accès avec l’annuaire des utilisateurs des entreprises est techniquement possible mais rarement effectuée à cause de cette diversité d’acteurs qui communiquent peu. Optimiser la GTB d’un point de vue de la consommation énergétique avec une IA s’appuyant sur l’expérience accumulée de toutes les GTB reste un doux rêve, et pas pour des raisons techniques.
Exploiter la donnée au-delà des silotages
Côté GTB, les données sont utilisées localement, en mode edge, pour du pilotage et de l’optimisation de la consommation énergétique aussi bien des ascenseurs que pour de la régulation de la température. Comme GA Smart Building conçoit sa propre GTB, le groupe peut (théoriquement) la connecter à ce qu’il souhaite. Sauf que se pose évidemment le problème de la propriété de la donnée. « L’objectif est de parvenir à faire sortir la donnée, l’envoyer dans le cloud pour l’exploiter, par exemple pour que chaque installation bénéficie de l’expérience cumulée de toutes les autres en mode anonymisé » envisage Sébastien Thalamy.
Si le concepteur de la GTB n’y parvient pas, Sébastien Thalamy voit un risque de « bookingnisation », c’est à dire qu’un acteur tiers se pose en intermédiaire, choisi par les utilisateurs finaux du bâtiment, et récupère une part importance de la valeur de la prestation. Pour l’heure, les systèmes embarqués dans les bâtiments sont vendus mais il est possible d’y associer des contrats de maintenance, y compris de maintenance évolutive. A terme, il pourrait être envisageable de proposer aux clients une GTB en mode service, c’est à dire sous forme d’une location avec des prestations complémentaires. « Sortir les données » permettrait aussi de connecter le bâtiment avec son environnement urbain, c’est à dire de connecter GTB et systèmes de smart city, éventuellement après anonymisation des données. La limitation n’est pas technique mais bien sur le modèle économique et les aspects juridiques.
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