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David Blomme (Idverde) : « la data permet de rendre compte des impacts environnementaux »

Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance

Entreprise unique par sa taille dans un marché atomisé, le paysagiste Idverde veut garder un esprit start-up et innover, notamment par la data.

David Blomme est group CIO d’Idverde. - © Républik IT / B.L.
David Blomme est group CIO d’Idverde. - © Républik IT / B.L.

Pouvez-vous nous présenter Idverde et son marché ?

Idverde est issu d’une scission par LBO en 2014 du groupe danois de facility management ISS. Nous sommes l’ancienne filiale ISS Espaces Verts. A l’époque de la séparation, Idverde était essentiellement présent en France et générait 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, nous réalisons en France 430 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous sommes présents dans cinq autres pays européens pour un total de plus d’un milliard d’euros.

Notre activité est la création et l’entretien d’espaces verts. Notre marché, au niveau européen, est estimé à 40 milliards d’euros. Il est très atomisé, avec des dizaines de milliers de TPE et PME, d’entrepreneurs individuels à quelques centaines de salariés.

Idverde est donc unique par sa taille mais aussi par son esprit start-up. Nous avons une certitude : il y a tant à faire, tant de valeur à créer, qu’il faut savoir se concentrer sur ce qui est le plus générateur de valeur. Localement, nous tenons à entretenir une logique entrepreneuriale. Nous travaillons autant pour les entreprises privées que le secteur public et un peu pour les particuliers (le mix est variable selon les pays). A Londres, nous avons ainsi la charge de six des sept parcs royaux avec des SLA élevés sur l’entretien et la disparition des déchets.

Quel est le périmètre de la DSI ?

La DSI rassemble les compétences sur la data, le digital, la cybersécurité, les applicatifs et l’infrastructure. Nous sommes une direction transverse avec le souhait de délivrer les services au plus près du terrain, dans une logique lean avec de l’outsourcing. La DSI ne comporte en effet que 23 personnes en interne pour tout le groupe : il s’agit donc pour nous essentiellement de piloter les contrats de prestataires externes.

Sur les 10 000 collaborateurs du groupe, environ 40 % sont aujourd’hui connectés au SI. Si les conducteurs de travaux sont connectés, ce n’est pas le cas des jardiniers.

Du coup, comment est structuré votre SI ?

Notre groupe s’est notamment construit par des acquisitions successives et il en résulte bien sûr un certain silotage et une forte segmentation. Nous menons actuellement un chantier de forte convergence. La France est déjà largement intégrée. La première étape est de construire des plates-formes nationales au fur et à mesure de la sortie des contrats des solutions historiques.

L’objectif est de pouvoir brancher une entreprise à notre lorsqu’on la rachète. Pour l’instant, nous n’y sommes pas encore. De même, à l’heure actuelle, il y a peu de cloud, un peu de SaaS, et moins d’une centaine d’applications avec une base on premise.

Quelle est votre cible ?

Pour tout ce qui « commodités » (bureautique, PC, etc.), il n’y a aucun avantage à une différenciation locale. Massifier permet donc d’accroître l’efficacité.

Quand on se rapproche du business, tout dépend du domaine. Nous devons accompagner les métiers dans leur mode opératoire. Si le métier a intérêt à centraliser, centralisons. Parfois, des contraintes réglementaires locales obligent à un silotage national.

Dans notre secteur, il y a beaucoup de petits éditeurs de niche. Nous menons actuellement de nombreux appels d’offres en cours pour unifier notre SI autant que possible.

Mais le point le plus important est l’adéquation fonctionnelle. Notre secteur tient à la fois du BTP (avec ses chantiers) et des services (l’entretien). Il est donc rare de trouver des plateformes capables de répondre aux enjeux des deux approches, aussi bien en back-office qu’en front-office. Des produits généralistes couvrent bien sûr les processus généraux mais pas nos enjeux métiers spécifiques.

Et à cela s’ajoute notre transformation en cours autour des « Nature Based Solutions ».

Qu’entendez-vous par « Nature Based Solutions » ?

Nous avons une conviction : « toutes les solutions sont dans la nature ». Le numérique amène parfois à chercher des solutions complexes qui, au final, apportent moins de bénéfices que de contraintes ou d’inconvénients. Nous voulons donc utiliser les solutions naturelles et les augmenter en restant sobres.

Quand vous plantez un arbre, vous plantez un être vivant complexe. Or il est trop souvent vu comme un actif minéral. Il ne faut pas le transplanter n’importe comment. A cela s’ajoute le fait qu’un arbre a des impacts sur l’eau de ruissellement, le CO², etc. La data permet de rendre compte de ces impacts environnementaux. Le Lidar, l’IA, l’IoT… sont autant de technologies largement déployées en agriculture. Nous sommes en train de les appliquer dans notre domaine. Nous développons ainsi des modèles de ruissellement des eaux, de développement racinaire, de photosynthèse… Cela dit, en agriculture, ce sont des systèmes massifs : une espèce couvrant une grande surface. Chez nous, nous avons plutôt une grande variété d’arbres et de plantes diverses sur une surface donnée.

Créer un jumeau numérique d’arbre ou de rue, cela a un sens. En effet, on peut faire mieux qu’envoyer une fois toutes les x années un agent avec un carnet pour prendre des notes. Faire passer un véhicule muni d’un lidar très régulièrement est plus productif et intéressant pour dresser un état des lieux.

La guerre des talents est-elle un sujet dans votre secteur aussi ?

Oui, c’est un sujet comme partout. Cela dit, les humains sont toujours en recherche de sens. C’est important de savoir pour quoi on se lève le matin. Chez nous, il y a un sens évident. Etre dans une entreprise qui se bat pour la planète, c’est intéressant et donc séduisant pour les candidats.

En plus, chez nous, il y a tout à créer. Nous sommes dans une situation de page presque blanche. Travailler dans une multinationale où tout existe déjà est moins intéressant que travailler où tout est à construire.

Quel est votre principal défi ?

Nous devons poser des fondations solides rapidement tout en innovant et pas mener les deux successivement. C’est un peu comme rouler à 130 km/h sur autoroute (en voiture électrique) tout en devant changer les pneus…

Podcast - Augmenter la nature grâce au digital et à l’IoT

Dans un marché de la création et de l’entretien d’espaces verts très atomisé entre des dizaines de milliers de TPE/PME, Idverde, par sa taille, fait figure d’exception avec son milliard d’euros de chiffre d’affaires. David Blomme, group CIO d’Idverde, explique ici que, si la nature a réponse à beaucoup de questions, le digital peut « augmenter » la nature. C’est le sens des « nature based solutions » qu’Idverde entend mettre en œuvre.

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