Christophe Soyer (Domitys) : « Notre IT est en pleine mutation pour l’harmoniser et la moderniser »

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est Domitys ?

Domitys propose des résidences services seniors, soit une offre d’appartements modernes et bien équipés, allant du T1 au T3, à destination des seniors autonomes. Les résidences proposent des services (repas, ménage, blanchisserie…) et des activités. Les résidences sont sécurisées avec une présence humaine permanente 24/7. A la différence des Ehpad et des maisons de retraite, ces résidences ne sont pas médicalisées.

Nous avons aujourd’hui environ 170 résidences (168 fin 2023) dans toute la France métropolitaine et nous en ouvrons une vingtaine chaque année (64 opérations sont en cours). Nous disposons aujourd’hui d’environ 4300 salariés et nous en recrutons de l’ordre de 500 par an. Notre chiffre d’affaires a franchi le seuil des 500 millions d’euros par an. Nous accueillons 17 300 résidents permanents d’une moyenne d’âge de 85 ans.

Outre les établissements dans toute la France, nous disposons de trois sites centraux : l’un à Paris et deux à Tours. Ces sites centraux regroupent les fonctions supports. A Paris, on retrouve la communication, la promotion immobilière, le marketing… tandis que, à Tours, on y trouve Domitys Campus, le pôle RH… et Domitys Invest. Cette dernière est la filiale de commercialisation de nos résidences. Institutionnels et particuliers peuvent investir dans des logements de nos résidences : c’est un investissement locatif avec des loyers garantis durant onze ans. Il arrive que des occupants soient propriétaires mais c’est marginal (5 % environ). 2049 appartements neufs ont été vendus en 2022 dont 1766 au détail et 283 en bloc.

D’une manière générale, l’ensemble des services supports et la direction sont centralisés.

C’est aussi le cas de l’IT ?

Oui, tout à fait. La DSI comprend l’ensemble des fonctions numériques et d’innovation répartis en divers pôles : la sécurité du système d’information, la data/BI et les systèmes des fonctions supports (DRH, juridique, DAF, etc.), le SI opérationnel (métiers de la promotion immobilière à l’exploitation des résidences), les outils collaboratifs (Microsoft Office 365…), infrastructures et opérations IT et, enfin, l’innovation. Ce dernier pôle teste actuellement, pour prendre un exemple, des robots pour aider au service des repas.

Quels sont vos grands choix d’architecture ?

Notre entreprise connaît actuellement une mutation profonde liée à sa forte croissance et au fait que nous appartenons depuis mai 2021 au groupe AG2R La Mondiale. Notre IT, de la même façon, est en pleine mutation pour l’harmoniser et la moderniser.

Il y a huit ans, nous avons créé la DSI qui, auparavant, n’existait pas. Chaque métier avait ses outils et se débrouillait comme il voulait et comme il pouvait. Cette approche n’était plus possible avec le développement de Domitys. La DSI s’est donc structurée au fil des années et nous avons centralisé les outils pour gérer notre croissance mais aussi pour mieux garantir la sécurité du SI. Enfin, nous développons notre synergie avec le groupe AG2R La Mondiale qui est désormais notre maison-mère. Actuellement, nous disposons d’outils comptables et financiers Sage qui vont, ainsi, être prochainement remplacés par l’ERP Oracle commun avec AG2R La Mondiale.

De la même façon, aujourd’hui nos infrastructures sont soit du pur on premise, soit du cloud privé chez notre hébergeur historique soit du cloud public Microsoft Azure ou du SaaS pour certains logiciels. Nous sommes en train de rationaliser tout ça et nous allons utiliser davantage les infrastructures d’AG2R La Mondiale.

Comment gérez-vous les services numériques aux résidents ?

Nous disposons d’un Portail Résident baptisé Iris qui permet aux résidents de connaître et réserver des animations, consulter leur dossier, connaître les menus du restaurant, etc. Comme nous réalisons des services à la personne, nous devons remonter un certain nombre d’informations aux financeurs. S’il y a encore beaucoup de documents papiers, nous menons actuellement un projet que nous nommons l’« ERP Résident » qui répondra aux attentes du Ségur Numérique avec, par exemple, une connexion avec le dossier médical partagé. Cette évolution amène son lot de contraintes comme, par exemple, la nécessaire certification HDS (hébergeur de données de santé) pour l’hébergeur de l’ERP puisque nous sommes amenés à gérer des données sanitaires.

Nous fournissons également aux résidents, dans le cadre de nos services résidentiels, une montre avec alarme anti-chute.

Et puis si, depuis toujours, nous fournissons du Wi-Fi dans nos résidences, nous sommes en train de totalement le rénover. Toutes nos résidences sont désormais reliées à la fibre pour garantir le très haut débit. Mais il s’agit aussi de faire face à la forte croissance des objets connectés (des montres anti-chutes jusqu’aux Cookeo des résidents !) en plus, bien sûr, du développement des usages numériques classiques comme la visioconférence avec les enfants à l’autre bout du pays. Sur le plan technique, nous sommes propriétaires du réseau mais, jusqu’alors, il s’était construit au fur et à mesure, sans cohérence. Aujourd’hui, nous harmonisons les matériels en plus de les mettre à niveau.

Vous disposez d’un pôle Data/BI. Mais de quelles données parle-t-on et quels en sont vos usages ?

Bien sûr, nous avons quelques données de santé pour assurer la sécurité de nos résidents et nous effectuons aussi un contrôle succinct de leur autonomie pour vérifier leur éligibilité à nos services. Nous avons également, évidemment, des données commerciales sur les résidents, les futurs résidents et les investisseurs. Nous avons donc des données sensibles qui relèvent d’une part de la santé, de l’autre du patrimoine financier.

Toutes les données sont rassemblées dans un dataware et nous utilisons de la BI classique pour le pilotage d’activité, l’analyse commerciale, l’analyse des habitudes de vie et de comportements tant des résidents (types d’activités qui plaisent…) que des investisseurs (typologie des investissements).

Vous devez gérer vos résidences et assurer leur maintenance comme leur fonctionnement. Recourez-vous à du BIM ?

Non, nous ne recourons pas au BIM mais nous effectuons un suivi des bâtiments avec saisies dans des carnets d’entretien numériques. Nous avons aussi mis en place une GTB centralisée notamment pour assurer un suivi précis des consommations énergétiques. Nous suivons également le matériel et son entretien.

Toute la collecte de données est automatisée.

Et puis nous sommes en train de refondre notre « ERP Résidences ».

De quoi s’agit-il ?

A la base, ProgiSAP est un outil du marché destiné à gérer les services à la personne mais nous avons accompagné l’éditeur pour le faire évoluer au point que le produit est devenu un spécifique ! Cet outil assure la gestion complète d’une résidence, des activités au personnel.

L’éditeur a alors travaillé sur une refonte de sa solution, en mode SaaS et hébergée par un prestataire certifié HDS. Nous sommes actuellement en train de travailler sur le déploiement de ce ProgiSAP version 2 qui va être aux normes du Ségur Numérique pour nous connecter directement aux professionnels de santé.

Certains acteurs proches gérant des EHPAD ont eu récemment des difficultés. Celles-ci ont-elles eu des conséquences sur votre marque employeur ? Avez-vous des difficultés à trouver les ressources humaines dont vous avez besoin ?

Nous ne gérons pas d’EHPAD, qui sont des établissements médicalisés pour personnes dépendantes. Et tout le monde, y compris les candidats, fait bien la différence. Donc, non, nous n’avons pas eu de difficultés liées à la situation que vous évoquez.

En fait, nous constatons un très faible turn-over de nos personnels IT. Nous n’avons pas vraiment de difficultés à recruter même des jeunes. En effet, nous avons un travail qui a du sens. Lors de notre parcours d’intégration, nous effectuons une visite de résidence. Même pour l’informatique. Et nous voyons concrètement à quoi nous servons.

Quels sont vos enjeux en 2024 ?

Bien entendu, nous avons toutes les migrations et évolutions dont nous avons parlé à faire aboutir ! La migration de ProgiSAP, la refonte du SI immobilier, la bascule sur les infrastructures AG2R… cela nous donne de quoi nous occuper.

Nous allons également cloudifier notre plate-forme data et rationaliser nos référentiels.

Enfin, nous allons étudier une solution plus appropriée que celle que nous avons pour le suivi du renouvellement des baux et d’autres sujets liés à la gestion des appartements.