Cédric Schoindre (Domitys) : « nous faisons du développement spécifique faute d’offre du marché »

Pouvez-vous nous présenter Domitys ?

Membre du groupe AG2R La Mondiale, Domitys propose des résidences services pour seniors. Les résidents, des seniors autonomes, disposent d’appartements modernes et bien équipés, allant du T1 au T3. Les résidences proposent des services (repas, ménage, blanchisserie…) et des activités qui restent toujours facultatifs. Les résidences sont sécurisées avec une présence humaine permanente 24/7. A la différence des Ehpad et des maisons de retraite, ces résidences ne sont pas médicalisées et elles ne s’adressent donc pas au même public. Outre les établissements dans toute la France, nous disposons de trois sites centraux : l’un à Paris et deux à Tours. Ces sites centraux regroupent les fonctions supports.

Notre modèle économique est celui de promoteurs exploitants. Les appartements sont en principe la propriété d’investisseurs individuels qui louent aux résidents (99 % des cas) même si certains résidents sont propriétaires de leurs appartements (1 % des cas).

Nous avons aujourd’hui plus de 180 résidences et une cinquantaine de projets en cours. Nos 4600 salariés servent plus de 18 000 résidents ayant une moyenne d’âge de 85 ans. Notre chiffre d’affaires a dépassé le demi-milliard d’euros.

Vous êtes « responsable IT Innovation et Collaboratif ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Mon rôle consiste à accompagner tous les collaborateurs du groupe et les résidents sur les usages collaboratifs. En interne, nous disposons de Microsoft Office 365 (avec Teams, etc.). Au niveau du siège, nous concevons des projets au service des résidents et des investisseurs comme nos intranets. L’intranet résidents comme l’intranet investisseurs sont réalisés avec Sharepoint sur Microsoft Azure. L’intranet résidents comprend également des développements propres utilisant le framework PHP Symfony.

Pour l’interne, j’accompagne aussi les métiers pour spécifier les produits dont ils ont besoin (RH, exploitation des résidences…). Notre métier est spécifique et récent et, de ce fait, nous avons souvent des applications développées en propre. C’est parfois le cas sur des outils de back office comme l’IAM. Nous avons ainsi développé notre propre IAM pour gérer l’ensemble des processus autour de l’accès à chaque application, dès l’onboarding du collaborateur. Selon l’affectation de celui-ci, ses habilitations vont changer car il ne peut, par exemple, pas accéder à des données de résidences autres que celle où il travaille. Cette gestion des habilitations est un processus métier géré par la DRH et les directions de résidences.

Nous avons un intranet groupe en technologie Sharepoint, Mozaik, en lien avec la bureautique Microsoft Office 365, donc sur Azure.

L’application de pilotage des résidences est construite sur une base Sharepoint avec PowerApps. Les données dont l’objet d’un suivi en décisionnel mais peuvent aussi entrer dans des plans d’actions automatisées (rappels d’actions, de formations…). Avec ces données, on peut aussi préparer l’auto-évaluation avant un audit AFNOR de certification qualité d’une résidence.

Nous faisons beaucoup de développement spécifique faute d’offre du marché. Et cela nous permet de remplacer des traitements manuels sous Excel par du développement Sharepoint bien plus fiable et surtout bien plus sécurisé.

Parler d’innovation numérique dans des résidences pour seniors, est-ce que cela a du sens ?

Nous utilisons beaucoup d’innovations technologiques dans nos outils autour des API, de la sécurité ou du cloud. Nous commençons à réfléchir à des usages de l’IA sur des données consolidées.

Mais il y a des innovations techniques utilisées au quotidien dans les résidences. Par exemple, nous avons commencé à déployer une télé-assistance (aujourd’hui dans une cinquantaine de résidences) à base de montre connectée Dona Care de Lifeplus. La géolocalisation dans les bâtiments est assurée par des beacons, en extérieur par GPS. Il y a un détecteur de chute et transmission d’une alerte si, suite à une chute, le porteur est immobilisé.

Nous avons installé des cabines de téléconsultation médicale Medadom dans les résidences (actuellement 40 % sont équipées). Nous avons testé également du pilotage de logements connectés avec Amazon Alexa. Mais nous nous sommes rendu compte que Alexa était surtout utilisé par les enfants et les petits-enfants des résidents… De ce fait, nous avons décalé le déploiement pour l’heure.

Nous testons bien sûr des innovations en robotique : robotos aspirants-lavants, robots en restaurant… En restaurant, le robot peut transporter le plateau-repas de la cuisine à la table puis dans l’autre sens pour la desserte. Le personnel peut, de ce fait, rester auprès des résidents au lieu de faire des allers-retours, assurant ainsi un meilleur service et une meilleure relation.

Nous devons nous assurer que toutes ces innovations peuvent être installées aussi bien dans des résidences anciennes (jusqu’à une vingtaine d’années), par exemple dans le cadre d’une rénovation, que dans des résidences en construction.

Quels sont les usages du collaboratif dans votre activité ?

Il s’agit bien sûr de partager et d’échanger entre les collaborateurs de 180 résidences et des sièges centraux. Le travail quotidien nécessite d’échanger des informations. Il est nécessaire que les outils soient utilisables en mobilité par la force commerciale oeuvrant auprès des investisseurs comme par les personnels en télétravail. Lors de la crise sanitaire Covid, nous avons pu activer le télétravail en 24 heures !

Tout le socle collaboratif actuel a été mis en œuvre ces sept dernières années.

Comment garantissez-vous la sécurité et la confidentialité des données ?

D’abord, les habilitations précises permettent des accès bien cloisonnés. Les données sensibles peuvent être des données de collaborateurs dans des applications RH, bien sûr, mais aussi quelques données médicales des résidents. Pour ces dernières, elles ne sont jamais partagées dans le collaboratif et restent dans les résidences/

Quand nous avons des projets innovants comme avec Alexa, aucune donnée sensible n’est traitée.

Quels sont vos enjeux et défis ?

Le principal concerne l’IA. Nous travaillons sur des cas d’usages. Nos premiers pilotes concernent les RH, la promotion immobilière (recherche documentaire en RAG sur les historiques de construction…), l’assistance des informaticiens dans les migrations techniques, la détection d’actions suspectes d’un point de vue cybersécurité (suspicion de compromission de compte…), etc. Nous avons également développé un chatbot pour une assistance juridique en résidence mais nous envisageons de l’étendre à d’autres thématiques.