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Deep Tech : les difficultés du passage du laboratoire à l’usine


Un rapport de la Direction Générale des Entreprises (DGE) pointe les difficultés du passage à l’échelle des start-ups Deep Tech françaises.

La Direction Générale des Entreprises (DGE) est un service du Ministère de l’Economie. - © Bertrand Lemaire
La Direction Générale des Entreprises (DGE) est un service du Ministère de l’Economie. - © Bertrand Lemaire

A l’occasion d’un événement Hello Tomorrow https://hello-tomorrow.org/ la semaine passée, la Direction Générale des Entreprises (DGE), un service du Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, a remis un rapport sur l’écosystème Deeptech à Eric Lombard, son ministre de rattachement, à Philippe Baptiste (ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche), à Marc Ferracci (ministre chargé de l’industrie et de l’énergie) et à Clara Chappaz (ministre déléguée chargée de l’intelligence artificielle et du numérique). Intitulé « L’innovation de rupture au défi du passage à l’échelle », ce rapport vise à tirer un bilan de six années du Plan Deep Tech et à préconiser des pistes pour les prochaines années.

Ce rapport est issu d’une enquête de sept mois. La DGE a notamment interrogé une cinquantaine d’entrepreneurs de start-ups, de personnalités qualifiées, de chercheurs… Elle s’est aussi basée sur des données économiques sectorielles. Est considéré dans ce rapport comme « deep tech » une innovation de rupture s’appuyant sur la science fondamentale. Par nature, l’innovation de « deep tech » est immature et repose sur un transfert au marché de la recherche fondamentale. En moyenne, selon la DGE, il faut dix ans pour la recherche préalable et dix autres années pour réussir un transfert au marché. En principe, une « deep tech » ouvre un nouveau marché.

Du haut risque potentiellement très profitable

Pour les investisseurs, les start-ups de la « deep tech » représentent par nature des actifs très risqués mais, parmi ces start-ups, celles qui « passent à l’échelle » s’imposent d’entrée de jeu comme des champions mondiaux qui révolutionnent le marché. Ce sont donc des actifs qui peuvent être sources de très gros profits. Selon la DGE, le Plan Deep Tech est un véritable succès du point de vue des levées de fonds auprès des investisseurs. Les créations et les levées de fonds explosent, passant sur la période du Plan Deep Tech de 80 à 380 par an avec un but de 500 en 2030.

La Deep Tech est considérée, selon la DGE, comme une force de l’économie française. Le Plan Deep Tech a permis une réelle acculturation du milieu de la recherche aux enjeux financiers et une autre réelle acculturation des acteurs privés, notamment les investisseurs, aux réalités de la recherche. Toujours selon la DGE, le vrai risque pour les start-ups de la Deep Tech, malgré les levées de fonds records, est la disparition faute de fonds suffisants ou, et c’est presque pire, leur rachat par des industriels ou des fonds étrangers.

Pousser plus loin le Plan Deep Tech

Les levées de fonds concernant les start-ups de la Deep Tech sont passées, en cinq ans, de 1,5 (2019) à 4,1 (2023) milliards d’euros. La France est ainsi première en levées de fonds sur ce segment dans l’Union Européenne mais à la quatrième place mondiale (derrière les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni). Les succès français concernent bien sûr l’intelligence artificielle mais aussi l’informatique quantique, le stockage ADN, la biotechnologie et le « new space ». Les technologies concernées ont, bien sûr, un potentiel civil mais aussi, chose importance en ces temps troublés, un potentiel militaire.

La DGE avance trois axes pour « relever le défi du passage à l’échelle ». Tout d’abord, il s’agit d’améliorer « le passage du laboratoire à l’usine » avec, en objectif, de faire de la deep tech un moteur de compétitivité et de souveraineté industrielle. Au niveau des levées de fonds, il s’agit d’atteindre les 30 milliards d’euros par an d’ici 2030 pour tous les niveaux de maturité avec, comme finalité, de créer, non pas des start-ups éternels, mais des champions mondiaux qui resteront français. Si les Biotechs représentent 40 % des levées de fonds, l’IA et le quantique ne cessent d’augmenter les montants levés. Enfin (mais c’est évidemment lié aux précédents), il faut accélérer la transformation des start-ups deep tech en industries rentables.


En savoir plus

- Télécharger le rapport complet « L’innovation de rupture au défi du passage à l’échelle ».