La data au coeur de la smartcity à Toulon Provence Méditerranée
Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage
Toulon Provence Méditerranée a participé au projet CAPACities pour disposer d’une boîte à outil pour la smartcity. Les premiers cas d’usage de la plate-forme, basée sur la solution Esri et construite avec Chronos et Cerema, commencent à être disponibles.
Cas unique en France, la métropole Toulon Provence Méditerranée rassemble les trois villes les plus peuplées de son département : la ville-centre Toulon, bien sûr, mais aussi Hyères et La Seyne-sur-Mer. Sur un territoire de 300 kilomètres-carrés se rassemblent ainsi 450 000 habitants répartis en douze communes au total. Service commun de la métropole et de la ville de Toulon, la DRNM (Direction Ressources Numériques Mutualisées) est composé de trois directions, la direction de la transformation numérique et des usages (en charge du SIG et des projets), la direction de la Stratégie des Systèmes d’Information et la direction du Pilotage et de la Relation Utilisateur. Elle peut aussi servir des prestations à certains villes de la métropole et quelques établissements tels que le CCAS, la caisse des écoles, etc. Comme toutes les collectivités locales, Toulon Provence Méditerranée veut améliorer la qualité de vie de ses habitants en s’appuyant sur des projets de smartcity.
Mais mener de tels projets, par nature multiples, suppose de disposer effectivement des bonnes technologies et des savoir-faire nécessaires. « Le projet CAPACities vise précisément à construire une boîte à outils avec les technologies et les bonnes pratiques pour accompagner les collectivités dans leurs projets de smartcity » relève Alexandre Lafitte-Olano, directeur de la transformation numérique et de ses usages de Toulon Provence Méditerranée. Ce projet a été initié par TVT Innovation (l’agence de développement économique de la métropole, représentant la métropole Toulon Provence Méditerranée) et plusieurs autres collectivités locales françaises : la communauté d’agglomération Caux Seine Agglo (environ cinquante communes autour de Lillebonne et Bolbec en Seine-Maritime), la communauté urbaine Dunkerque Grand Littoral, la communauté d’agglomération Lisieux Normandie et la Vallée de Chamonix Mont-Blanc. Dans les bonnes pratiques, il faut aussi inclure les points d’attention (technologiques, financiers, juridiques…) lorsque l’on mène des projets de smartcity.
Un projet centré sur la donnée géographique
La plate-forme technique a été construite autour du système d’information géographique (SIG) de l’éditeur Esri. Alexandre Lafitte-Olano se réjouit : « cet éditeur, qui était déjà largement présent dans notre SI, nous a aussi amené de nombreux retours d’expérience de collectivités. » Le bureau d’études du Cerema a apporté, quant à lui, une expertise technique sur le traitement de la donnée. Le Cerema est un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il accompagne l’État et les collectivités territoriales pour l’élaboration, le déploiement et l’évaluation de politiques publiques d’aménagement et de transport. Enfin, le projet a été coordonné et animé par le cabinet Chronos (groupe Auxilia) qui a notamment géré les ateliers de co-construction agile.
Faisant partie du programme soutenu par l’Europe Smart TPM, le premier cas d’usage que Toulon Provence Méditerranée a souhaité mettre en œuvre a été la supervision du stationnement. Celui-ci peut suivre un très grand nombre de possibilités. « Notre premier travail a d’ailleurs été d’identifier les différents types de stationnement possibles » relève Alexandre Lafitte-Olano. Si le béotien peut ne voir que le stationnement en voirie et celui en parking, il existe de nombreuses catégories derrière ces deux localisations. En voirie, le stationnement peut être payant (avec des subtilités) ou libre. Pour les parkings, les statuts peuvent être très variables (régie, DSP…) avec des acteurs publics ou privés très variables.
Collecter la donnée, le premier défi
Alexandre Lafitte-Olano note : « sur les trois ans du projet, deux ont été consacrés à travailler sur les données disponibles, la manière de les collecter et éventuellement de les compléter ». Parmi les complexités qui peuvent surprendre le non-spécialiste, il y a la relation contractuelle entre les collectivités et les gestionnaires de parkings. « Parfois, il a fallu faire évoluer le cadre contractuel avec les acteurs : les difficultés ont d’abord été juridiques avant d’être techniques » confirme Alexandre Lafitte-Olano.
Cela ne veut pas dire que les aspects techniques étaient simples, cependant. La structure même des données constituait un soucis : récupérer le nombre de places, leur éventuelle qualification (handicapés…), leur occupation à un instant t… Il n’existe aucune standardisation en la matière. A bien des moments, il a fallu créer des connecteurs avec les outils, comme les horodateurs par exemple. Alexandre Lafitte-Olano relève : « une fois la data récupérée, le plus dur du travail était fait ». Il arrivait des cas où la donnée n’existait tout simplement pas, comme pour le stationnement libre en voirie. Une expérimentation a donc été menée dans une des villes de la métropole, Le Pradet, avec 280 capteurs au sol et, en complément, cinq caméras, le tout permettant d’analyser la disponibilité des places.
Un projet loin d’être achevé
Pour l’heure, il manque encore quelques connexions (certains parkings, horodateurs…) mais la remontée de données devrait être totale d’ici quelques mois. Les données peuvent être collectées par API ou bien en mode batch, avec un dépôt de fichier structuré avec une fréquence élevée (de l’ordre d’un dépôt toutes les cinq minutes, intégré au système avec un script Python). Si le socle technique est donc opérationnel, il ne sert pour l’instant qu’à la supervision du stationnement, pour que les communes puissent connaître l’état des lieux et, en s’appuyant sur l’historique des données, définir des politiques de stationnement. L’outil poursuit son évolution en mode agile.
Techniquement, les données sont harmonisées et concentrées dans la solution de SIG d’Esri. Les capteurs IoT sont connectés par API et un réseau LoRa privé à une plate-forme IoT elle aussi privée. Les tableaux de bord de pilotage sont réalisés, logiquement, sous le module Dashboard d’Esri. Bien entendu, assez rapidement (la cible est le premier semestre 2023), les citoyens pourront accéder en temps réel aux informations sur les places disponibles via une application actuellement encore sous forme de prototype. « Pour éviter les courses entre automobilistes, nous ne présenterons pas les places précises disponibles mais un nombre de places sur une zone » précise Alexandre Lafitte-Olano. D’ores et déjà, la ville du Pradet peut utiliser les données disponibles pour rendre sa chasse aux voitures ventouses plus efficace. A terme, le projet s’intégrera et sera un socle technique pour la Mobilité comme un service (MaaS) intégrant le stationnement à des données sur tous les types de mobilité (comme le bus par exemple).