Comment Saint-Gobain Distribution Bâtiment France bascule vers le Cloud en approche plateforme
Saint-Gobain Distribution Bâtiment France mène une migration vers le Cloud Microsoft Azure avec WeScale. Le projet Bedrock a consisté à créer une plateforme technique pour simplifier la migration et, au-delà, le travail des développeurs.

Issu de la Manufacture Royale des Glaces fondée en 1665 par Jean-Baptiste Colbert, le groupe Saint-Gobain conçoit, produit et distribue des matériaux pour le bâtiment et l’industrie. Il est aujourd’hui présent dans 76 pays et emploie environ 166 000 collaborateurs, générant ainsi un chiffre d’affaires de 46,6 milliards d’euros. Au niveau global, la distribution représente environ 15 % de son activité mais, en France, la proportion est de l’ordre de 80 %. La distribution de matériaux repose sur, en France, une dizaine d’enseignes dont les plus connues du grand public sont Point P et La Plateforme du Bâtiment. Comme beaucoup d’entreprises, Saint-Gobain Distribution Bâtiment France avait un système d’information mêlant on premise et infogérance. « Cela nous coûtait très cher » a soupiré Nicolas Saint Rémy, CTO de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, lors de sa présentation à l’invitation du cabinet WeScale.
Il y a quatre ans, le groupe a donc entamé une migration cloud avec, comme choix d’hébergeur, Microsoft Azure, choix opéré au niveau groupe. Pour réaliser cette transformation, le groupe s’est fait accompagner par le cabinet WeScale. La première phase du programme de migration, au bout de trois ans de travaux, s’est achevée fin 2024. Une des composantes essentielles de ce programme a été la création d’une plateforme technique, projet baptisé Bedrock en interne.
Une migration cloud structurée en plusieurs phases
Logiquement, les travaux ont commencé par un état des lieux, en examinant le patrimoine applicatif pour déterminer ce qui est éligible à une migration en l’état ou ce qui nécessite telle ou telle quantité de travail. L’ERP Oracle Finances a été, par exemple, totalement migré vers l’offre Cloud de l’éditeur, sur son Oracle Cloud Infrastructure. 400 applications ont été recensées dans le SI de l’entreprise dont 150 on premise. Sur ces 150, 50 migraient aisément dans le Cloud dont une vingtaine déjà conteneurisées.
Bien entendu, une fois la migration effectué, la vie devait continuer. Il s’agissait donc de voir au-delà et de faciliter l’administration et l’évolution du système d’information sur la durée. C’est la raison du lancement du projet baptisé Bedrock. Cette plateforme technique devait offrir une couche d’abstraction de l’infrastructure Azure afin que les développeurs puissent se concentrer sur le codage tout en respectant les standards groupe.
Automatiser et simplifier
Pour simplifier la vie des développeurs et administrateurs, il s’agissait d’automatiser certains processus, d’en simplifier d’autres et de supprimer les « contraintes bureaucratiques ». Nicolas Saint Rémy a relevé plusieurs enjeux au projet Bedrock : « garantir l’agilité et la rapidité dans un marché très concurrentiel, transformer l’organisation et les compétences (passer d’experts on premise à experts cloud) et, bien entendu, réduire les coûts qui peuvent monter très vite si la migration cloud n’est pas maîtrisée. »

Techniquement, la plateforme comprend une couche data avec Snowflake et Databricks. Surtout, il s’agissait de garantir l’unicité de l’environnement d’exécution à base de Java avec une seule base de données, Azure SQL Server. Même si les développeurs ne disposent pas de portail spécifique self service pour paramétrer les infrastructures, l’approche est bien de l’intégration continue (avec XL Deploy pour le déploiement). Cette première phase se rapproche du lift & shift avec quelques aménagements comme la conteneurisation (avec Azure Container Application) lorsqu’elle n’était pas déjà effective mais néanmoins pertinente. La fin de la migration d’une quarantaine d’applications conteneurisées est prévue pour juin 2025. Elastic est utilisé pour l’observabilité de la plateforme technique mais aussi le dashboard FinOps.
Maîtriser les coûts et la démarche
La création de ce dashboard a d’ailleurs constitué la première mission de WeScale chez Saint-Gobain Distribution Bâtiment France. Cette entreprise ne disposait pas des compétences nécessaires au programme de migration. Le recours à un cabinet externe s’imposait donc maos tout a été réalisé par des équipes mixtes mêlant collaborateurs (y compris de la production) et consultants. « A terme, nous devions être autonomes » a insisté Nicolas Saint Rémy. Les outils de déploiement utilisés étaient déjà connus des équipes, ce qui a simplifié la migration. Réaliser des travaux pendant que le système fonctionne a évidemment des impacts et le quotidien pouvait être perturbé. Pour limiter les conséquences, la communication entre les équipes a été particulièrement intense et s’appuyait sur des fiches procédurales.
Evidemment, des difficultés non-anticipées sont survenues. Emmanuel Tardieu, responsable architecture, a ainsi mentionné : « les conséquences de la migration applicative ont été mal anticipées sur la gestion des flux : il a fallu reconfigurer les firewalls, en créant ou modifiant des règles et cela prend du temps, la cybersécurité restant bien sûr essentielle. » Pour Emmanuel Tardieu et Nicolas Saint Rémy, une clé du succès du projet a été de développer une vraie culture de l’agilité et de savoir prioriser ce qui créé de la valeur. La démarche, désormais validée chez Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, devrait être dupliquée ailleurs dans le groupe.