1000 Premiers Jours : une start-up d’État pour accompagner les parents de jeunes enfants
Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage
En s’appuyant sur les équipes techniques issues d’ESN, notamment Ippon Technologies, La Fabrique, incubateur des ministères sociaux, a accouché en mode agile de « 1000 Premiers Jours ».
Les « mille premiers jours » d’un enfant, c’est à dire, approximativement, ses trois premières années de vie après sa naissance, constituent un moment essentiel pour le développement (notamment cognitif), la santé et l’équilibre psycho-affectif du futur adulte. Ce concept, poussé par l’Organisation Mondiale de la Santé, est lié à l’existence d’une pluralité de difficultés et à la nécessité d’un accompagnement très spécifique des parents comme des enfants. En France, le médecin neuropsychiatre Boris Cyrulnik a dirigé une commission et un rapport sur ce sujet pour le compte de la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) du Ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées. Pour répondre au défi de l’accompagnement des parents, la DGCS a décidé de mettre en œuvre une start-up d’État ayant pour objectif la création d’outils numériques adaptés, en méthodes agiles.
Attachée d’administration, Love Andrieu était déjà sur des missions en lien avec les politiques familiales ainsi que le soutien à la parentalité et à la petite enfance au sein de la DGCS. Cette dernière met en place les stratégies de ce soutien et les met en œuvre en collaboration avec les collectivités locales et les associations familiales. Love Andrieu est ainsi devenue intrapreneuse de la start-up d’État « 1000 premiers jours ». « Une start-up d’État est une organisation particulière pour couvrir un besoin précis via un outil numérique : elle associe une expertise métier (la mienne en l’occurrence) et une équipe technique avec des développements agiles en mode Leen » explique-t-elle.
Trouver les bonnes expertises
Pour l’équipe technique, la start-up d’État utilise des marchés publics à bons de commande, pluri-annuels et conclus en amont précisément pour couvrir ce type de besoins. Ce mode de fonctionnement permet d’aller chercher les bons profils, même pointus, chez tel ou tel prestataire, en fonction des besoins exacts. En l’occurrence, pour « 1000 Premiers Jours », les équipes techniques ont été recrutées d’abord chez Octo Technology puis, pour la majeure partie du projet, chez Ippon Technologies. La start-up d’État a été créée en novembre 2020 et la première version du produit, l’application numérique, a été lancée officiellement le 1er juillet 2021. Les dix-huit mois de recul ont aussi été une période d’amélioration continue de l’application, disponible gratuitement sur les stores d’Apple et de Google.
La phase d’investigation a notamment consisté à sonder 5000 parents, à en interviewer plus en profondeur 250 ainsi que des professionnels du secteur. A chaque itération, des questionnaires sont envoyés aux parents utilisateurs. Et les équipes ministérielles dialoguent régulièrement sur divers événements (salons…) avec des parents afin d’obtenir des retours du terrain pour réaliser les évolutions de l’outil.
Un accompagnement pluridimentionnel des parents
L’application vise à répondre à des besoins très variés des parents. Déjà, par exemple, ils doivent savoir comment s’occuper de leur enfant, comment couvrir ses besoins physiologiques courants mais aussi ses besoins en termes de santé (hygiène, sécurité, examens et vaccins à faire…). Il faut aussi aider les parents dans des aspects très pratiques tels que les démarches administratives ou pour trouver un pédiatre, une crèche, gérer la reprise du travail ou les signes d’une dépression post-partum…
Les parents doivent pouvoir trouver, grâce à l’application, aisément des informations validées qui existent mais de façon dispersée. Pour Love Andrieu, « la matière existe mais elle est créée par de très nombreux partenaires et il s’agit donc de l’agréger et de la digérer, sans republication ». L’application donne donc l’information recherchée mais renvoie ensuite vers le bon acteur. Par exemple, pour connaître les disponibilités en crèche ou en assistante maternelle, l’application va renvoyer vers monenfant.fr mais après avoir expliqué les différences entre les diverses possibilités pour répondre au besoin précis. « Il faut rendre lisible et accessible l’information » insiste Love Andrieu.
Une évolution régulière en agilité
L’application suit des cycles d’évolutions avec des itérations tous les deux mois. Les mises-à-jour sont priorisées en fonction des impacts, qui doivent être maximisés. Maintenant que l’application existe, le rôle de Love Andrieu est d’animer le réseau de partenaires qui la nourrisse en contenus, de mettre à jour les dits contenus et de recourir aux techniciens si une question technique se pose. Enfin, il s’agit de mesurer les retours.
A ce jour, l’application est promue par les différents services au contact de parents de jeunes enfants et elle a été téléchargée plus de 140 000 fois. Les indicateurs clés de performance (KPI) comprennent l’usage (durée d’usage, nombre d’ouvertures, usage de telle ou telle fonction, renvois vers des sites tiers…). « Les articles les plus lus peuvent cumuler plus de 20 000 lectures » précise Love Andrieu.
Télécharger l’application
L’application sur le Play Store de Google
(Existe aussi pour iOS).
Prévenir la dépression post-partum
Pour effectuer une prévention précoce des effets de la dépression post-partum, l’application « 1000 premiers jours » intègre un questionnaire de détection des symptômes. A ce jour, plus de 50 000 tests ont été opérés et 25 000 parents ont présenté un score signifiant qu’ils connaissaient des signes de dépression. 1300 parents ont ainsi pu être orientés précocement vers un professionnel de santé approprié.
Cette détection est importante. Il s’agit en effet d’éviter des phénomènes tels que le suicide des jeunes parents, le défaut d’attachement aux enfants qui peut entraîner des dépressions chez ceux-ci, etc.