L’open-source garantit l’interopérabilité, la standardisation et la réversibilité
Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage
Le 14 février 2023, Red Hat a fait témoigner des responsables IT du secteur public sur leurs usages et pratiques en matière d’open-source.
« Le secteur public se distingue par une bonne maturité dans l’adoption de l’open-source, avec une feuille de route cadrée réglementairement » a souligné Jean-Christophe Morisseau, DG France de Red Hat, en ouvrant une table ronde organisée par l’éditeur open-source le 14 février 2023. Les bonnes pratiques pouvaient donc aisément être mise en avant avec des témoignages du secteur public/para-public, en l’occurrence Eric Tiquet, sous-directeur de l’innovation et de la transformation numérique, Administrateur ministériel des données, au Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer, et Jean-Baptiste Courouble, DSI de l’URSSAF-CN.
Le secteur public et para-public ne doit normalement procéder à des achats d’une certaine importance qu’avec des appels d’offres. Mais, comme Jean-Baptiste Courouble l’a souligné, « si vous êtes pieds et poings liés avec un éditeur, lancer un véritable appel d’offres pour remettre la solution en concurrence est compliqué ». Lorsque, au début des années 2000, l’URSSAF-CN (à l’époque Acoss) a mené sa migration de sortie des mainframes, elle voulait éviter de se retrouver de nouveau dans une relation verrouillée avec un prestataire : passer d’IBM et Bull à Microsoft ou autre n’était guère réjouissant. C’était aussi l’époque de la généralisation des téléprocédures, multipliant les besoins de systèmes. Mais, simultanément, c’était aussi l’époque de l’émergence de Linux.
L’open-source est devenu normal à l’URSSAF-CN et au Ministère de l’Intérieur
L’URSSAF-CN a plusieurs missions : la collecte des cotisations, bien sûr, la gestion de la trésorerie de l’essentiel de la protection sociale, l’accompagnement des entreprises selon leur taille et leur secteur ainsi que, enfin, la production d’indicateurs économiques. Aujourd’hui, l’usage des solutions open-source y est devenu normal. 90 % du parc de serveurs est sous Linux, toutes les applications utilisent la base de données PostgreSQL et le Big Data est sous Hadoop. « Nous avons fait la preuve que ces solutions sont fiables à des niveaux de stress importants » a relevé Jean-Baptiste Courouble. Il a également affirmé : « en dehors du poste de travail, il est difficile de trouver autre chose que de l’open-source à l’URSSAF-CN. »
Côté ministère de l’Intérieur, les équipes adhèrent naturellement au modèle. Rappelons que la Gendarmerie Nationale a, depuis de nombreuses années, adopté Linux sur ses postes de travail en gérant de manière autonome le support et la maintenance. Cette adoption de l’open-source va dans le sens général du partage et de la transparence institués dans la sphère publique (open-data, etc.). Le ministère de l’intérieur, de plus, apprécie de pouvoir regarder réellement ce qu’il y a dans le code des applications. Les applications développées en interne peuvent également être regardées, permettant ainsi un contrôle citoyen. Actuellement, le ministère est en train de fabriquer un cloud privé, évidemment sur technologies open-source, à visée interministérielle et proposant du PaaS Kubernetes.
Assumer l’autonomie ou accepter d’être accompagné
La Gendarmerie Nationale a assumé de se débrouiller seule. Mais les solutions open-source ayant une communauté très dynamique (notamment Linux et ses outils systèmes associés par exemple) peuvent connaître d’innombrables versions, pas toujours parfaitement validées. Suivre le rythme tout en contrôlant la stabilité du système d’information n’est donc pas simple. Il faut accepter d’y consacrer des moyens. L’URSSAF a commencé comme cela, misant sur un open-source gratuit. Mais suivre les évolutions exigeait trop de moyens. L’URSSAF a donc choisi des modèles avec accompagnement, notamment celui de l’éditeur Red Hat. Même en recourant à un éditeur open-source, l’utilisateur demeure indépendant : il peut, à tout moment, renoncer à cet accompagnement ou changer de prestataire. L’URSSAF contribue peu au code mais, par contre, son retour d’expérience avec des besoins de très haute performance constitue en lui-même une contribution.
L’obsession du Ministère de l’Intérieur est de garder un maximum d’options ouvertes. Même, parfois, en choisissant une solution propriétaire pour gagner du temps (le Ministère de l’Intérieur est le Ministère de l’Urgence), il s’agit de pouvoir garder la liberté de changer de solution ou de prestataire à tout moment. Avec l’open-source, l’utilisateur bénéficie de trois garanties : l’interopérabilité, le standard et la réversibilité. Ces trois garanties permettent de maintenir toutes les options ouvertes.
Sur la photographie, de gauche à droite :
- Yves Nicolas, Deputy Group CTO de SopraSteria ;
- Jean-Baptiste Courouble, DSI de l’URSSAF-CN ;
- Jean-Christophe Morisseau, DG France de Red Hat ;
- Eric Tiquet, sous-directeur de l’innovation et de la transformation numérique, Administrateur ministériel des données, au Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer ;
- Thomas Belarbi, responsable secteur public EMEA chez Red Hat.