Benjamin Revcolevschi (DXC Technology) : « notre métier est de faire accélérer nos clients »
Par Bertrand Lemaire | Le | Esn & conseil
Directeur général de DXC Technology pour la France et le Bénélux, Benjamin Revcolevschi revient ici sur la stratégie de cette ESN.
DXC Technology est issu de la fusion de la division services de HPE et de l’ESN CSC en 2017. Où en est aujourd’hui cette ESN ?
Depuis six ans, nous avons su construire une marque en soi bien au-delà d’une simple fusion entre entités pré-existantes. Notre ambition est de délivrer l’excellence à nos clients. Nous avons beaucoup travaillé pour nous imposer dans le B2B en France.
Nous accompagnons nos clients dans leur transformation numérique sur deux piliers correspondant à deux divisions : d’une part les infrastructures et l’infogérance (Global Infrastructures Services), d’autre part les applicatifs et les data analytics (Global Business Services). Chaque division représente à peu près la moitié de notre activité.
Nous sommes 130 000 dans 70 pays dans une activité très concurrentielle. Notre force est notre capacité à délivrer de manière stable des services critiques et de garantir des migrations fiables et sécurisées, notamment dans le clou. Dans nos contrats emblématiques, nous pouvons citer l’accompagnement d’Alstom depuis dix ans dans la refonte de son IT et l’infogérance d’American Airlines pour assurer un service à deux cents millions de passagers par an.
Nous sommes conscients que les talents passent d’une ESN à une autre et que toutes les ESN savent délivrer. Mais DXC est dans un moment fort, avec un fort dynamisme lié à la garantie d’écoute, de fiabilité et de sécurité. Avec certains clients, nous serons les pilotes de leur transformation, avec d’autres nous serons davantage en accompagnement. Dans les deux cas, notre métier est de faire accélérer nos clients.
Dans les contrats emblématiques que vous avez, il y a aussi les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. En quoi consiste votre prestation ?
Nous les accompagnons d’abord sur les implémentations applicatives. C’est un contrat assez original et nous l’avons co-construit avec notre client, le Comité d’Organisation. L’écoute et la proximité font partie de notre différence, tout comme notre capacité à délivrer en local, en near-shore et en off-shore. Ceux qui veulent accroître et ceux qui veulent diminuer le local et l’off-shore s’équilibrent. Par contre, plus de la moitié des clients français veulent augmenter la part du near-shore. Basculer de l’off-shore au near-shore permet de diminuer les risques géopolitiques et de décalage culturel comme temporel.
Comment gérez-vous la guerre des talents ?
Il y a en effet beaucoup de tensions en France, un peu moins en near-shore où il commence à y avoir une question autour du bassin de compétences. En off-shore, il y a encore de gros réservoirs de compétences : en Inde, 1,5 million d’ingénieurs sont formés chaque année.
Pour développer notre attractivité, nous sommes très flexibles au niveau du télétravail. 54 % de nos collaborateurs sont à 100 % en télétravail, 38 % à 80 %, et nous avons 86 % de taux de satisfaction. C’est quelque chose qui est totalement entré dans nos modes de fonctionnement et c’est une politique mondiale dans notre entreprise, une nouvelle manière de travailler. En téléconférence, tout le monde met sa caméra et, quand on ne le peut pas (problème de réseau…), s’en excuse.
Cela dit, je suis vigilant sur les nouveaux qui doivent pouvoir s’intégrer aux équipes. Et il est important que l’on puisse tous se retrouver de temps en temps au bureau. Bien entendu, de ce fait, nous avons pu diminuer de moitié nos surfaces de bureaux. Les managers ont appris avec le Covid à gérer le télétravail et chacun réalise des économies sur les transports.
Travaillez-vous avec les écoles ?
Nous sommes en train de renforcer nos relations avec les écoles, que ce soit pour de l’alternance, des stages ou du recrutement. Nous n’avons pas encore de stratégie structurée avec une école mais une tendance forte sur le marché est le développement de l’apprentissage. C’est une excellente chose : c’est une vraie et belle manière de s’intégrer au marché du travail, de combler l’écart entre écoles et entreprises.
Quels sont vos défis pour les mois ou années à venir ?
Notre premier défi est de relever les défis de nos clients. Il y a une véritable accélération du digital dans tous les projets. Par exemple, nous accompagnons le Gouvernement Flamand, en Belgique, sur ses projets d’e-gouvernement. Nous avons à mettre toutes les technologies que nous maîtrisons au service de la transformation numérique de nos clients.
Un deuxième défi est lié au Move-to-Cloud. Basculer vers le Cloud, c’est bien, mais il est indispensable d’y associer une démarche FinOps car les coûts explosent et il faut apprendre à les maîtriser. Et certaines migrations ne se font pas si simplement. Il faut donc rééquilibrer on premise et cloud en fonction des cas d’usage. Il s’agit, en fait, dans ce deuxième défi, de savoir tirer les bénéfices du cloud tout en restant équilibré pour servir au mieux l’entreprise.
Les technologies émergentes (IA, métavers…) constituent bien entendu un troisième défi. Nous avons un partenariat mondial avec Microsoft pour permettre aux entreprises de tester ChatGPT dans un environnement sécurisé avec des données qui restent confidentielles.
DXC Technology a été le précurseur des événements virtuels à grande échelle. Participer à une foire virtuelle permet de retrouver la sérendipité associée à une déambulation dans des stands, ce que l’on ne peut pas avoir dans des enchaînements de vidéoconférences. C’est une activité que nous voulons développer.
Enfin, bien entendu, nous devons relever le défi écologique et aider nos clients à le relever. Cela va de la réduction des déplacements à l’optimisation de l’efficacité des datacenters.