Tribune - Briser son plafond de verre en osant être soi
Cadre dirigeante, Angélique Bidault-Verliac partage son parcours singulier, guidé par un choix fort : associer le leadership et l’authenticité.
Cette tribune fait partie d’une série de prises de paroles de femmes de la Tech débutée la semaine passée avec l'ancienne ministre, Elisabeth Moreno.

En 2021, mon poste a été supprimé dans le cadre d’une réorganisation. J’ai ressenti une profonde colère. Non pas à cause du poste perdu, mais parce que j’avais le sentiment que la réussite de plusieurs programmes et projets stratégiques que j’avais menés n’était pas reconnue à leur juste valeur. Cette colère aurait pu me freiner. Elle m’a, au contraire, propulsée. Je l’ai transformée en énergie positive. Elle m’a permis de me remettre en question, de revisiter mes priorités et de me réaligner avec ce qui m’anime profondément, à savoir : ma passion pour la Data et la conviction d’exercer ce métier dans une entreprise alignée avec mes valeurs.
Quelques semaines plus tard, j’ai décidé d’oser. J’ai candidaté au poste nouvellement créé au sein du comité de direction pour piloter une équipe de Performance& Data. La création de cette direction a confirmé la volonté de SNCF Connect & Tech de renforcer le pilotage de la stratégie en accentuant la culture de la data et l’efficacité opérationnelle. La directrice générale, Anne Pruvot, m’a fait confiance, tout comme les membres du CODIR en place. Ce défi, je l’ai relevé avec force et conviction, parce que je savais que je pouvais le faire sans me trahir. Rester alignée avec mes valeurs a toujours été ma boussole. A partir de ce moment-là, je faisais partie des 28,1 % des cadres dirigeantes femmes (Source : INSEE - En 2021, 28,1 % des cadres dirigeantes sont des femmes dans le secteur privé en France).
Mon parcours est assez classique : j’ai commencé comme consultante dans une web agency, puis j’ai été responsable datamining en agence. Ensuite, j’ai rejoint SNCF Connect & Tech en tant que responsable data & webmining. 10 ans plus tard, je devenais cadre dirigeante en intégrant le comité de direction de SNCF Connect & tech en tant que Directrice Performance & Data.
Je suis une experte de la donnée, de la modélisation, des mathématiques, du digital. Mais très vite, j’ai compris qu’à un certain niveau de responsabilité, l’expertise ne suffit plus. Il faut apprendre à transmettre, à faire grandir, à prendre du recul. Le leadership, ce n’est pas briller seule, c’est éclairer le chemin pour les autres. C’est là que l’humain prend toute sa place. Le management est devenu pour moi un terrain d’épanouissement aussi puissant que la data. L’équipe a grandi, elle est montée en compétence et les managers ont gagné aussi en leadership authentique.
Je suis plutôt introvertie. Prendre la parole, m’exposer, sortir de ma zone de confort, cela ne m’est pas naturel. Mais j’ai appris, je prends désormais la parole régulièrement en public. Parce que je crois qu’un leader doit incarner ce qu’il ou elle défend. J’ai toujours voulu rester une leader authentique. Dire les choses, parler des émotions, être transparente, même dans les moments difficiles. Être soi, vraiment, c’est parfois déroutant - mais c’est toujours juste.
Je compare souvent mon chemin de leadership à ma pratique du yoga. Dans les deux cas, il s’agit d’un enchaînement d’actions guidées par l’intention, la présence et l’adaptabilité. Sur le tapis, chaque posture demande de l’engagement, de l’écoute du corps, et parfois, d’accepter l’inconfort pour mieux progresser. Puis il faut savoir faire une pause, lâcher prise. Prendre du recul. Laisser les choses s’infuser.
Finalement, comme dans une pratique régulière, c’est la constance, l’attention et la capacité à ajuster qui font la différence. Le leadership, tout comme le yoga, n’est pas une performance ponctuelle, mais un chemin de transformation continue.
À ce niveau de responsabilité, il faut aussi accepter de ne plus avoir autant de reconnaissance directe. Ce n’est plus à propos de soi. C’est à propos de l’équipe, de la direction que l’on donne, de la confiance que l’on cultive. Je cherche à être utile, cohérente, et inspirante.
Être une femme dans la tech, c’est aussi naviguer dans un environnement très masculin. Combien de fois ai-je assisté à des conversations sur les voitures, ou les matchs de foot… des sujets qui ne me parlent pas. Mais plutôt que de me sentir exclue, j’ai appris à amener mes propres références dans le sport, le dépassement de soi, l’athlétisme que j’ai beaucoup pratiqué. On trouve toujours un terrain commun, à condition de rester soi-même. Chez SNCF Connect & Tech, l’inclusion est une dynamique en construction. En avançant pas à pas, nous cherchons à créer un environnement où chaque collaborateur peut trouver sa place.
Mon message à toutes les femmes dans la tech : osez. Osez prendre votre place, même quand elle n’est pas donnée d’avance. Osez postuler, même si vous doutez. Osez dire ce que vous ressentez, ce que vous valez, ce que vous voulez. Osez sortir des cases. Le secteur a besoin de notre pluralité, de nos voix, de nos émotions, de nos forces calmes, de nos regards différents. Osez être vous !