Convention USF : cloud, IA et tensions entre SAP et ses clients

Le deuxième jour de la Convention USF, le 12 octobre 2023 à Nantes, s’est ouvert par une intervention de Gianmaria Perancin, président de l’USF (association des Utilisateurs SAP Francophones) et du SUGEN (SAP User Groups Executives Network). En premier lieu, il a voulu rappeler les pistes d’évolutions de l’association. A l’image du club allemand, l’USF envisage de lancer des formations complémentaires de celles de l’éditeur : « il faut des gens qui savent faire, pas seulement des pilotes de gens qui savent faire » a insisté Gianmaria Perancin. L’USF souhaite également se doter d’un réseau social interne plus performant pour faciliter la collaboration entre membres.

L’USF entend aussi développer ses services dans l’accompagnement de ses membres face aux audits de l’éditeur. Un point de gêne pour les membres francophones étant un nombre réduit de documentation SAP en Français (la plupart sont en Anglais, certaines seulement en Allemand), l’USF entend travailler sur la mise à disposition de traductions en Français. Enfin, si l’association est très présente en France et en Suisse, elle entend inclure d’autres pays francophones ayant un écosystème SAP. Des membres suisses se plaignant d’ailleurs que la filiale locale se concentre sur la partie alémanique du pays, l’USF a ouvert des discussions avec l’éditeur pour contrer cette tendance dommageable. Tout le travail fourni est bien sûr le fait de l’équipe de salariés permanents mais aussi des nombreux bénévoles que Gianmaria Perancin a tenu à remercier.

Des sujets de mécontentement et d’espoirs

La récente augmentation des tarifs de maintenance ne pouvait qu’être évoquée lors de l’ouverture de cette deuxième journée. Certes plus raisonnable que l’inflation imposée par d’autres éditeurs, Gianmaria Perancin a rappeler qu’une augmentation doit être compensée par du service complémentaire. Une crainte de beaucoup de membres est que l’éditeur ne réalise ses innovations que dans le cloud et pas seulement en premier dans le cloud. L’éditeur a tenté de rassurer ses clients mais sans réussir à dissiper toutes les inquiétudes, beaucoup se sentant forcés à aller dans le cloud. Et si une entreprise va dans le cloud, que fait-elle des spécifiques développés ?

Un an après le Hack4Green, l’USF a voulu en tirer un bilan. Ce hackaton de SAP a permis de mettre en avant quatre initiatives IT4Green à base de solutions SAP. Applium (économie circulaire, recyclage du matériel de bureau), Delaware (consigne de bouteilles en verre et réemploi), PWC (accompagnement des utilisateurs pour réduire les volumes de données stockées) et STMS (application de restitution d’un bilan environnemental) ont ainsi présenté en vidéo les évolutions de leurs initiatives.

SAP veut répondre aux inquiétudes des utilisateurs…

Pour la deuxième année consécutive, Olivier Nollent, Président Directeur Général de SAP France, est intervenu en commençant par remercier l’USF pour l’organisation d’un tel événement pour animer l’écosystème SAP en France. Malgré les inquiétudes, il a confirmé que l’éditeur entendait bien accélérer vers le cloud. Il a revendiqué une progression de 90 % du chiffre d’affaires de l’ERP cloud en 2022. Plus de 4500 clients dans le monde (150 en France) ont adopté l’offre Rise. Deuxièmement, Olivier Nollent a voulu accroître la présence des équipes SAP auprès de ses clients. Le NPS (Net Promoter Score) de l’éditeur s’en serait fortement amélioré.

Côté RSE, Olivier Nollent a voulu insister sur le « S », la Responsabilité Sociétale. Diversité, inclusion, handicap, égalité femmes/hommes sont autant de sujets moralement valorisant mais surtout aussi des viviers pour le recrutement. Olivier Nollent a ainsi fait le lien entre résoudre le déficit de compétences SAP et la RSE en utilisant ces viviers inhabituels. Une autre évolution importante pour l’éditeur et son écosystème est bien sûr l’impact massif de l’IA qui va amener des transformations profondes dans le quotidien de chacun comme dans les entreprises. Pour Olivier Nollent, il faut passer de la transaction à l’intelligence en veillant à respecter trois valeurs phares : pertinence, robustesse et responsabilité. La récente annonce de l’assistant IAG de SAP, Joule, toujours en tests, est celle d’une grande transformation de l’interface utilisateur et de l’automatisation de certaines tâches.

…mais SAP maintient une stratégie source des inquiétudes de ses clients

Mais, bien que voulant rassurer les clients de l’éditeur, Olivier Nollent a confirmé que certaines innovations seront réalisées uniquement en mode cloud. C’est, selon lui, une nécessité d’agilité et de flexibilité imposée par le marché dans un monde imprévisible. Le cloud apporte des avantages en termes de coûts, de compétences disponibles sur le marché de l’emploi et de cybersécurité. Cependant, cette exclusivité du cloud concerne les innovations de rupture. Les solutions on premise continuent bien d’évoluer. SAP doit conseiller et accompagner les clients dans les évolutions nécessaires, y compris le cloud. Ceux qui ne veulent pas du cloud resteront donc bien insatisfaits.

Bruno Echardour, DSI du groupe La Poste, a ensuite témoigné en vidéo de la transformation de son groupe en s’appuyant sur les solutions SAP dont il est un client ancien et important. Le métier historique de La Poste, le courrier, est en attrition tandis que le transport de colis s’accroît. Le digital (informatique, data, IA…) est primordial dans cette optique. La relation avec SAP aurait pu être meilleure mais il y a une nette amélioration depuis quelques années a noté le DSI. La Poste s’appuie sur les solutions et innovations de SAP dans le cadre de projets stratégiques de transformation en cours.

Innovation continue technique et métier

Christian Charvin, Directeur Avant-Ventes de SAP France et Pauline Henaff, Directrice Commerciale sur les Industries Public & Transport, ont pris la parole la thématique « L’innovation au service de la transformation de l’entreprise ». L’éditeur a pu mettre en avant sa démarche d’innovation et les récentes évolutions de ses produits, notamment pour l’industrie, avec un nouveau focus sur Signavio après l’intervention de la veille. Autre focus : SAP a mis en avant au cours de cette intervention également ses solutions de comptabilité de l’impact environnemental en lien avec les évolutions réglementaires et les applications concrètes de l’assistant IAG Joule, actuellement toujours en tests.

La deuxième matinée de plénière s’est achevée pour « donner de l’inspiration pour faire face aux crises » selon le mot de Gianmaria Perancin. La conférence inspirante (et expirante) a été réalisée par Guillaume Néry, champion du monde d’apnée, sur la « performance autrement », illustrée avec des exercices collectifs guidés et de superbes images sous-marines. Guillaume Néry a commencé par une démonstration d’apnée de 4 minutes 30 secondes 4 dixièmes mais son propos était bien sur les bonnes pratiques pour être performant.

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