Pure Storage, la révolution économique et écologique du stockage
Par Bertrand Lemaire | Le | Matériel
Si le full flash s’est déjà largement diffusé, Pure Storage se distingue des autres acteurs du stockage avant tout par son modèle économique. Hugues Heuzé, country manager de Pure Storage France, et Gabriel Ferreira, directeur technique, expliquent ici les originalités d’un constructeur qui ne mise pas sur un renouvellement matériel complet tous les cinq ans.
Vous êtes un acteur du stockage comme tant d’autres. Quelles sont les particularités de Pure Storage ?
Hugues Heuzé : Pure Storage est né en 2009 et a commencé à commercialiser ses produits en 2011. Il s’agissait, à l’époque, d’un pari sur la baisse régulière des prix de la technologie de stockage flash. Surtout, nos fondateurs ont misé sur une double révolution, la technologie full flash, bien sûr, mais aussi celle des usages. Pour anticiper la baisse des coûts et rester compétitif, Pure Storage a créé un environnement logiciel pour optimiser le stockage des données structurées comme non-structurées.
Au delà de cela, l’angle des usages prenait acte du fait que le seul angle technologique était insuffisant pour se distinguer dans un marché globalement mature. Dès l’origine, nous avons donc développé l’offre Evergreen : une solution de stockage qui soit cadrée financièrement, jamais obsolète et pérenne.
Evergreen, c’est l’inverse de l’approche classique du « refresh technologique » tous les cinq ans, une maintenance prohibitive et aucune évolutivité. Nos clients peuvent ainsi maîtriser leur coût de possession à dix ans et disposer d’une offre modulaire s’adaptant à la croissance de leurs besoins.
Mais ça reste des baies de stockage qu’il faut bien changer de temps en temps !
Hugues Heuzé : Pas vraiment, en fait. Evergreen se décline en trois offres, toutes distribuées en mode indirect grâce à un important réseau de partenaires qui nous permet d’être présents partout sans être d’une très grande taille. Comme notre originalité technologique est la brique logicielle associée au matériel, toute évolution de cette brique logicielle (y compris le contrôleur) est associée à la maintenance du matériel.
En mode CapEx, l’offre de base s’appelle Evergreen Foundation. Là, c’est de l’achat traditionnel de matériel et le client conserve l’entière responsabilité de ses baies qu’il peut faire grandir au fur et à mesure de ses besoins en ajoutant des modules. Toujours en mode CapEx, Evergreen For Ever permet au client de déléguer le maintien en condition d’usage à Pure Storage. Les baies continuent ici d’appartenir au client.
Il y a cinq ans, nous avons lancé l’offre Evergreen One. Le matériel est bien chez le client mais le modèle économique est celui du cloud public : Pure Storage est totalement responsable du respect des niveaux de service garantis, y compris en termes de performance (temps d’accès…), de volume de stockage et de consommation électrique (environ 80 % de moins que la moyenne de nos concurrents, full flash inclus). L’offre est disponible à partir de 50 To avec un engagement de douze mois. Le prix du stockage est, à cause du modèle sous forme de service, parfaitement prédictible, y compris en cas de variation des volumes stockés.
Vous ne gravez pas vos modules NAND (mémoire flash). Techniquement, par conséquent, c’est quoi une baie de stockage full flash de Pure Storage ?
Gabriel Ferreira : En effet, il n’y a que très peu de producteurs de NAND (essentiellement Toshiba, Samsung…). Nous achetons donc nos NAND sur le marché et nous les assemblons en ajoutant notre brique logicielle. L’unité de base est de 50 To hors compression. Les SSD classiques stockent au mieux 30 To. Notre différenciateur est justement la partie logicielle qui permet un meilleur accès à la NAND. Pour la même consommation électrique, d’ici fin 2023, la base sera à 75 To et, d’ici deux-trois ans, 300 To.
Ce qui pousse à l’évolution de la NAND et des SSD, ce sont surtout les smartphones et en moindre mesure les PC, un marché dont le volume est lié au grand public. Or il n’y a pas (aujourd’hui du moins) de marché pour les SSD de 100 To côté grand public. Pure Storage, lui, ne s’adresse qu’au marché B2B. Nos DFM (Direct Flash Module) sont cinquante fois plus fiables que les disques durs mécaniques et dix fois plus que les SSD classiques. A capacité égale, un DFM consomme dix fois moins qu’un disque dur mécanique. Et la NAND est deux fois plus durable que les pistes magnétiques des disques durs mécaniques. Nos DFM sont ainsi garantis dix ans (97 % des systèmes en service depuis plus de six ans sont toujours en production). Quand vous êtes un gros stockeur ajoutant ou remplaçant des centaines de disques par an, la différence est énorme en empreinte environnementale et en coût.
Hugues Heuzé : Le seul moyen de gérer l’explosion des données en étant le moins consommateur de ressources, c’est notre approche. La consommation principale de ressources étant au moment de la fabrication, la durée de vie est essentielle. Et, au-delà, l’évolutivité va éviter de devoir remplacer tous les cinq ans la totalité de son matériel.
Malgré tout, il faut bien prévoir cette évolution des volumes…
Gabriel Ferreira : En ajoutant des modules au fur et à mesure des besoins effectifs. Acheter à l’origine trop de stockage en prévision d’évolutions futures est une triple mauvaise affaire. D’abord, le coût de la technologie de stockage baisse d’une année sur l’autre. Ensuite, les technologies évoluent et si le matériel n’évolue pas, on se prive des bénéfices des évolutions jusqu’au renouvellement complet. Enfin, sur le plan environnemental, c’est catastrophique, y compris en termes de consommation électrique. Notons également que changer des disques mécaniques régulièrement impose de disposer de main d’oeuvre (avec son coût) pour cela.
Hugues Heuzé : A côté de la performance (temps d’accès…) propre au flash et de la prédictibilité des coûts, la simplicité d’usage au quotidien est une de nos forces principales. Les deux tiers du marché du stockage, c’est le « tech refresh », c’est à dire le renouvellement plus ou moins en big bang du matériel. Or un tel renouvellement est toujours risqué puisqu’il faut migrer les données du premier environnement au second, avec les deux fonctionnant simultanément et donc consommant de l’énergie tous les deux.
Notre approche, c’est donc plus de performance, moins de risques et moins de coûts.
Quand cela parait trop beau, c’est que ça l’est, surtout si personne ne cherche à copier. Depuis douze ans, pourquoi êtes-vous les seuls à proposer une telle approche dans vos offres ?
Hugues Heuzé : Nous ne sommes pas tout seuls ! Nous voyons de plus en plus de concurrents tentant de copier notre modèle. Ils mettent en place des programmes marketing et commerciaux pour se rapprocher d’Evergreen car c’est un besoin technique, financier et environnemental. Mais Pure Storage a lancé son offre en une seule fois, de manière unifiée. Nos concurrents ont souvent plus de trente ans, doivent gérer plusieurs familles technologiques et plusieurs modalités contractuelles en parallèle.
De plus, le marché est mature et aucune révolution technologique n’est attendue. Un nouvel entrant qui voudrait, aujourd’hui, refaire un lancement à la Pure Storage devrait débourser un ticket d’entrée absolument colossal. Nous avons bénéficié d’une conjonction extrêmement favorable entre les débuts du full flash et notre approche originale.
Le résultat, c’est que le marché progresse en moyenne de 5 à 7 % par an dans le monde et que nous voyons notre chiffre d’affaires augmenter de 20 % par an. Et le full flash représente aujourd’hui un peu moins des deux tiers du marché du stockage.
Parier sur le full flash était tout de même osé car ses coûts restent élevés…
Hugues Heuzé : Avec la NAND de dernière génération, hors optimisation et compression, au niveau du seul achat, un stockage de 4 Po revient à moins de 0,2 dollar/Go. C’est moins que du disque dur mécanique. Nous avons à traiter de plus en plus de demandes entrantes de clients confrontés à l’inflation massive frappant les matériels. Notre originalité, c’est finalement de proposer la logique économique du cloud tout en garantissant une maîtrise de son environnement. Et comme les hyperscalers recourent aussi à nos solutions, un client peut miser sur une architecture hybride basée sur nos produits.
Gabriel Ferreira : La question du coût de la NAND, associée à sa performance bien supérieure à celle des autres technologies de stockage, a fait que le stockage full flash a d’abord été réservé aux postes de travail virtuels et aux bases de données. Avec notre dernier-né, le Flashblade E, qui bénéficie de coûts d’acquisitions inférieurs à ceux des disques mécaniques, il est même rentable de stocker de la vidéo de vidéosurveillance sur baies full flash simplement parce que c’est moins cher !
Vous avez admis que le marché était mature, qu’aucune révolution n’était attendue… Dans ces conditions, quels sont les défis que vous pensez devoir relever ?
Hugues Heuzé : Notre principal défi, c’est la notoriété. Nous ne réalisons un chiffre d’affaires que de 2,75 milliards de dollars. Nos concurrents sont nettement plus gros et plus connus. Même si notre modèle 100 % indirect nous permet un rayonnement important malgré notre taille.
Notre Net Promoter Score est actuellement de 81,4. Nous sommes capables de nous adapter à toutes les tailles de besoin, à toutes les évolutions, sans jamais avoir à jeter tout le matériel. Et les hyperscalers nous achètent du stockage par centaines de péta-octets à cause de notre simplicité opérationnelle, de notre faible consommation électrique et de la visibilité dans le temps de nos offres. Mais nos clients ont des matériels à amortir. Il nous faut donc arriver au bon moment.
Nous sommes en plein dans la période anticipée par nos fondateurs : ne pas choisir du stockage flash, aujourd’hui, est une erreur économique et environnementale. Mais nos concurrents travaillent, évidemment.
[Podcast] Comment Pure Storage a révolutionné le marché du stockage
Hugues Heuzé, country manager de Pure Storage France, explique ici les particularités des modèles économique et technique de Pure Storage en matière de stockage.