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Hervé Cornède (Soget) : « 19 métiers doivent travailler ensemble pour qu’un port fonctionne »

Par Bertrand Lemaire | Le | Logiciel

Soget a été fondée, il y a près de 40 ans, pour créer le PCS (Port Community System) du port du Havre. Aujourd’hui, l’entreprise a 54 implantations dans le monde. Elle traite 300 millions de messages par an pour gérer, en tiers de confiance, les flux de données entre tous les acteurs d’une zone portuaire voire au-delà. Hervé Cornède, président du directoire de Soget, nous explique les enjeux d’un PCS.

Hervé Cornède est le président du directoire de la Soget. - © Eric Houri / Soget
Hervé Cornède est le président du directoire de la Soget. - © Eric Houri / Soget

Pouvez-vous, pour commencer, nous présenter Soget ?

Hervé Cornède : Nous fêterons nos 40 ans en 2023. Nous avons été fondés au Havre pour y créer un PCS (Port Community System), que l’on appelle aussi parfois un CCS (Cargo Community System). Aujourd’hui, nous avons une centaine de salariés et 54 implantations dans le monde (36 ports, 7 aéroports et 11 postes frontières) qui nous permettent de générer un chiffre d’affaires de près de 15 millions d’euros, 60 % en France (Haropa (Le Havre, Rouen, Paris), Calais, Nantes, La Rochelle, Guadeloupe…) et 40 % à l’étranger (Caraïbes, Afrique, ASEAN…). 25 000 utilisateurs travaillent avec nos solutions chaque jour.

Implantations de la Soget dans le monde - © Soget
Implantations de la Soget dans le monde - © Soget

Nous sommes une société anonyme à directoire et conseil de surveillance dont les actionnaires sont les structures professionnelles et acteurs portuaires : armateurs, transitaires, unions locales de manutentionnaires, services de l’État… Nous sommes des tiers de confiance pour les acteurs portuaires et nos actionnaires représentent, en fait, les utilisateurs.

S)One constitue la quatrième génération de PCS que nous faisons. Chaque génération, c’est environ 10 à 12 millions d’euros d’investissements et, ensuite, chaque année 20 % de ce coût en maintenance corrective et surtout évolutive, pour adapter l’outil aux évolutions réglementaires ou métiers.

Que fait exactement un PCS comme S)One ?

C’est une plate-forme mutualisée digitale qui permet à l’ensemble des acteurs d’échanger leurs flux de données en toute confiance. Un PCS orchestre et permet le contrôle de tous les flux de marchandises et logistiques sur une zone ainsi que de tous les processus métiers associés. Notre raison d’être, c’est de faire en sorte que le transit de marchandises soit le plus souple possible.

80 % des échanges se font en EDI depuis ou vers les SI des acteurs. Bien entendu, la qualité de la donnée est primordiale pour que tout fonctionne correctement mais, dans notre secteur, ce n’est pas un problème et le taux de qualité totale est supérieur à 99,9 %. A la manière d’une banque, nous somme un tiers de confiance. Nous faisons en sorte que chacun envoie et reçoive les données dont il a besoin mais ne puisse pas accéder aux autres données.

Le principe du PCS - © Soget
Le principe du PCS - © Soget

En retour aux déclarations douanières, par exemple, le PCS va renvoyer les attestations effectuées par les douanes.

19 métiers doivent travailler ensemble pour qu’un port ou un aéroport fonctionne..

Existe-t-il des formats standards d’échanges pour ces données ?

Nous ne pouvons pas demander à FedEx ou à Bolloré de changer ses processus ou son SI. Soget doit donc adapter son PCS et exposer les API nécessaires à chaque acteur en essayant, au maximum, de nous appuyer sur des normes internationales pour les EDI.

Les petites PME peuvent aussi saisir les données nécessaires via un portail web, sans EDI.

Nos clients nous payent un abonnement forfaitaire sans avoir à réaliser le moindre investissement.

Avec la création d’Haropa regroupant les trois ports de l’Axe Seine (Le Havre, Rouen, Paris), qu’est-ce que cela change ?

Avec la création d’Haropa, tous les professionnels usagers des ports havrais, rouennais et parisien sont nos clients et il y a donc désormais un seul PCS sur l’Axe Seine. Pour se faire une idée de ce que cela représente, je vais vous donner quelques chiffres.

Le PCS d’Haropa c’est : 300 millions de messages chaque année (contre 15 millions pour toute la douane française sur l’ensemble du territoire national), 10 000 utilisateurs/jour et 3500 interfaces applicatives.

Le PCS d’Haropa gère 300 millions de messages chaque année. Pour comparer, toute la douane française sur l’ensemble du territoire national gère 15 millions de messages chaque année et les ports néerlandais 80 millions. S)One gère aussi trois millions de mètres-carrés d’entrepôts, le trafic de conteneurs, les véhicules, le vrac… et connecte l’ensemble des terminaux maritimes et fluviaux de l’axe Seine pour 10 000 utilisateurs/jours. Le PCS a 3500 interfaces. Il se connecte avec le SI de Roissy.

Le PCS unique d’Haropa gère donc tous types de marchandises, tous types de transports… A bien des égards, il s’agit d’une première mondiale même si le modèle a été répliqué en mars 2022, à moindre échelle, sur l’Axe Loire (Nantes et Saint-Nazaire). C’est aussi la logique appliquée en Jamaïque, en RD Congo… où nous intégrons ports, aéroports et même banques.

Techniquement, comment cela fonctionne ?

Il y a donc un PCS par plate-forme (port, aéroport, axe…). Jusqu’à fin 2021, nous hébergions l’ensemble des PCS réalisés par Soget sur deux datacenters nous appartenant en région havraise. S)One a été développé avec les technologies de Microsoft, en partenariat avec l’éditeur, et nous utilisons désormais le cloud Azure. Nous sommes dans le Top 10 des utilisateurs Azure en France.

Si un client nous le demande, il est toujours possible d’héberger son PCS dans nos datacenters mais la tendance actuelle est une préférence nette pour le cloud.

Proposez-vous d’autres services que le PCS ?

Tout à fait. Bien entendu, pour commencer, nous proposons l’intégration. Et aussi des outils d’aide à la décision et pour gagner en productivité. Il s’agit bien sûr d’outils décisionnels dans le PCS lui-même mais aussi de, par exemple, S)One Green, un calculateur d’empreinte environnementale développé en partenariat avec TKBlue. S)One Tracks permet, pour sa part, de suivre les flux et ETA Prédictive d’anticiper les flux, avec de l’IA, et donc de prendre les bonnes décisions : par exemple, selon le moment d’arrivée d’un bateau, on pourra choisir d’envoyer la marchandise vers le port en camion, en bateau, etc. selon la rapidité nécessaire et le coût induit.

Nous éditons également d’autres outils comme, par exemple, en partenariat avec Customs Bridge, le logiciel douanier Okiduty.

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